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Six mois après le passage du typhon, les Philippines se relèvent encore

A fisherman and his nets in Leyte Province. Close to 150,000 fishermen were badly affected by Typhoon Haiyan, which devastated large parts of the central Philippines on 8 November 2013, and left over 6,000 dead David Swanson/IRIN
Plus de six mois après le passage du typhon Haiyan, qui a dévasté des régions entières du centre des Philippines, la reconstruction des moyens de subsistance enregistre des progrès. Du chemin reste toutefois à parcourir pour les rendre durables.

« Ce qu’il nous faut aujourd’hui, c’est intensifier les efforts d’urgence en matière d’emploi sur le terrain et amorcer la transition vers des programmes en faveur de moyens de subsistance durables », a dit à IRIN Ruth Honculada-Georget, coordinatrice du relèvement rapide et des moyens de subsistance auprès de l’Organisation internationale du travail (OIT) à Manille, pour qui l’ampleur du travail à abattre est « considérable ».

Selon un rapport du mois de mai de l’Observatoire des situations de déplacement interne, dont le siège se trouve à Genève, les progrès en matière de solutions durables pour les survivants sont décisifs pour le relèvement et la résilience des personnes affectées par le cyclone de catégorie 5 qui a secoué la région le 8 novembre 2013, déplaçant plus de 4 millions de personnes et laissant plus de 6 000 morts sur son passage.

Sur les 14 millions de sinistrés, 5,9 millions de travailleurs (60 pour cent d’hommes, 40 pour cent de femmes) ont perdu leurs sources de revenus et leurs moyens de subsistance, a annoncé le Early Recovery and Livelihoods Cluster - ER&L, cluster dédié au relèvement rapide et aux moyens de subsistance constitué de 50 ONG locales et internationales et co-dirigé par le gouvernement, l’OIT et le Programme de développement des Nations Unies - le 14 mai.

Pour plus de 2,6 millions d’entre elles, les personnes affectées vivaient déjà sous le seuil de pauvreté ou exerçaient une activité précaire avant le passage du typhon, notamment dans les secteurs de l’agriculture, de la pêche et de la sylviculture.

Le vent et les violentes ondes de tempête ont détruit ou endommagé des actifs clés et ébranlé les activités de subsistance, ce qui s’est traduit par une perte de revenus de plus de 70 pour cent à l’échelle de la région, a révélé l’Évaluation multi-sectorielle initiale rapide (MIRA II) – une initiative solidaire regroupant plus de 40 organisations œuvrant dans les neuf régions touchées.

Les secteurs de l’agriculture de la pêche ont été gravement affectés, ont dit les autorités, et en particulier les activités agricoles en lien avec la culture de riz, de cocotiers ou autres cultures sur pied. De nombreux habitants ont perdu leurs outils de travail – outils agricoles, filets et bateaux de pêche, etc. - et seule une minorité de survivants a la capacité de se livrer à des activités de subsistance alternatives lors du déplacement.

Six mois plus tard, plus de 100 000 personnes ont bénéficié d’un emploi à court terme, d’une aide aux moyens de subsistance et de services – notamment d’une formation pratique et d’une aide à la microentreprise. Pourtant, les véritables besoins vont bien au-delà.

« Les agriculteurs, les pêcheurs et les femmes ont un besoin urgent de soutien pour la prochaine étape du relèvement », a dit Leo Roozendaal, le directeur régional adjoint d’Oxfam en Asie.

« L’aide alimentaire en nature touche à sa fin. D’ici là, les gens devront avoir rétabli leurs moyens de subsistance ou s’être trouvé des sources alternatives de revenu pour prendre la relève », indique un rapport de Terre des hommes (TDH), en signalant que « l’essentiel des besoins de subsistance demeure non couvert ».

La course au riz

D’après l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le typhon a frappé entre deux périodes de plantation (d’avril à juin et d’octobre à décembre), détruisant 600 000 hectares de surface agricole et emportant sur son passage le riz qui venait tout juste d’être récolté ou d’être planté. Au total, les pertes agricoles sont estimées à un million de tonnes de riz, l’équivalent de 213 millions de dollars US.

« Grâce à des efforts menés en collaboration avec le gouvernement, nous avons été prêts à temps pour la période de plantation du riz de décembre/janvier [2014] », a dit Rajendra Aryal, coordinateur principal des situations d’urgence et du relèvement pour la FAO.

Environ 44 000 familles vivant dans des régions déterminées par le gouvernement ont reçu suffisamment de semences de riz pour planter un hectare, à temps pour la période de plantation de décembre/janvier - de quoi nourrir une famille de cinq pendant plus d’un an.

« La récolte de juin devrait suffire à garantir la sécurité alimentaire d’un agriculteur durant une année, en lui laissant un peu de quoi vendre si tout va bien », a dit M. Aryal.

Cela représente suffisamment de riz pour nourrir environ 800 000 personnes pendant un an, pour une valeur de marché estimée à 84 millions de dollars, a rapporté l’agence.

Des pêcheurs dans le besoin

Le secteur de la pêche - qui emploie près de 150 000 personnes dans la région - a lui aussi été sérieusement ébranlé, avec environ 30 000 bateaux de pêche perdus ou endommagés, selon le Bureau des pêches et des ressources aquatiques (Bureau of Fisheries and Aquatic Resources, BFAR).

« Au début, nous avons donné la priorité à la réparation et à la fabrication de bateaux afin que les gens puissent pêcher et aient au moins de quoi se nourrir », a dit Asis Perez, le directeur pays du BFAR.

« Nous avons identifié 32 000 bénéficiaires qui constituent notre cible initiale, et avons déjà distribué 24 000 bateaux. Nous recherchons à présent des moyens de lever des fonds pour des congélateurs. Nous devons reconstruire la chaîne des valeurs [du marché] de façon à ce que les pêcheurs puissent effectivement vendre et vivre du fruit de leur pêche. »

En dépit de ces améliorations, les pêcheurs rapportent que les prises sont rares.

« Les pêcheurs nous disent que les débris emportés par la tempête se sont déposés au fond de la mer, sur les récifs et le corail dont se nourrissent les poissons », a expliqué Maria Madamba-Nunez, directrice des campagnes, de la représentation et des médias chez Oxfam.

En moyenne, le revenu quotidien pour les activités de pêche oscille entre 7 et 13 dollars, en fonction de la météo, de la saison et du temps, révèle le rapport de TDH.

Et bien que des efforts soient menés en faveur de la réhabilitation d’autres branches du secteur de la pêche, notamment la culture des algues marines et l’aquaculture, le BFAR a reconnu qu’il ne s’agissait que de petites avancées dans un contexte bien plus large. « J’aimerais pouvoir dire que nous allons dans le sens d’une diversification des moyens de subsistance [pour davantage de durabilité], mais à l’heure actuelle, nous devons vraiment commencer par revenir à la base », a dit M. Perez.

De l’importance de la noix de coco

Le typhon Haiyan a porté un coup particulièrement dévastateur au secteur de la noix de coco, d’une importance vitale pour le pays. De l’avis de certains, il faudra une décennie à l’industrie pour se relever.

Avec 26,6 pour cent de la production mondiale, les Philippines comptent parmi les plus gros producteurs de noix de coco de la planète.

Parallèlement, la catastrophe a eu des répercussions sur toute la chaîne de valeur, affectant à la fois les personnes directement et indirectement impliquées – des propriétaires, travailleurs et marchands agricoles aux personnes travaillant dans le transport et la logistique, selon la FAO.

On évalue à 33 millions le nombre de cocotiers abîmés ou perdus dans la tempête, et près d’un million de cultivateurs seraient touchés, d’après la Philippine Coconut Authority, avec des pertes pour le secteur estimées à près de 400 millions de dollars.

« Bon nombre des cultivateurs de noix de coco dépendaient exclusivement de la culture de noix de coco. Nous devons leur inculquer des compétences alternatives et leur apprendre à intercaler des cultures à croissance rapide, étant donné qu’il faut compter entre six et huit ans pour qu’un cocotier repousse », a dit Mme Madamba-Nunez d’Oxfam.

Par ailleurs, déblayer les arbres pour faire de l’espace et replanter s’annonce également difficile. On signale déjà une infestation de scarabées susceptible de rendre les arbres tombés impropres au recyclage pour leur bois.

Le gouvernement s’est engagé à dégager 390 000 cocotiers sous 90 jours. Mais cela ne représente qu’un faible pourcentage de la totalité des arbres à déblayer.

« Les cultivateurs sont en crise. Les distributions de nourriture ont stoppé, l’aide financière ralentit et les cultivateurs de coco n’ont toujours pas les moyens de gagner de quoi subvenir aux besoins de leurs familles », a dit Maria Mendoza, la directrice générale de Fair Trade Alliance, qui, aux côtés d’Oxfam et d’autres organisations, en appelle au gouvernement pour qu’il revoie l’envergure de ses activités de déblayage à la hausse.

« Plus nous retardons le déblayage des fermes, plus nous tarderons à planter des cultures à croissance rapide et à garantir la disponibilité immédiate de nourriture et de revenus », a-t-elle dit.

Sur les 788 millions de dollars du Plan de réponse stratégique pour le typhon Haiyan, 117 millions de dollars étaient requis pour le relèvement rapide et les activités de subsistance. Seuls 27 pour cent de cette somme ont été financés jusqu’à présent, ce qui représente un déficit de quelque 85 millions de dollars à la date du 28 mai.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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