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On recommande l’abstinence aux survivants d’Ebola de sexe masculin

IFRC health workers start the day praying with Ebola patients in the outside area in front of their tents (October 2014) IRIN/Ricci Shryock
IFRC health workers start the day praying with Ebola patients in the outside area in front of their tents (October 2014)
Au Liberia, les autorités de santé locales demandent aux hommes ayant survécu à Ebola de s’abstenir d’avoir des relations sexuelles pendant au moins trois mois après avoir quitté les centres de traitement. On craint en effet qu’ils puissent transmettre le virus même après avoir obtenu le certificat témoignant de leur guérison.

« Lorsque vous survivez à Ebola, vous devez attendre trois mois avant d’avoir des rapports sexuels », annonce une chaîne de radio publique à ses auditeurs de Monrovia. « Si vous n’attendez pas, vous risquez d’infecter votre femme et de lui transmettre Ebola. »

Le ministère de la Santé et du Bien-être social tente de transmettre le même message à l’ensemble de la population nationale par le biais de messages publicitaires télévisés, de panneaux d’affichage et du bouche-à-oreille.

« Je suis contente que les travailleurs de la santé utilisent la radio pour éduquer les gens sur le sujet », a dit Musu Tuan, une mère de quatre enfants de Monrovia. « Je pense que c’est un problème grave et que cela pourrait faire en sorte que le virus reste plus longtemps dans le pays. »

Selon le ministère de la Santé, il y a maintenant plus de 500 survivants d’Ebola au Liberia.

Des craintes non fondées ?

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), aucun cas de transmission sexuelle de la maladie n’a été documenté, mais des études réalisées en République démocratique du Congo (RDC) et en Ouganda ont démontré que le virus d’Ebola pouvait vivre dans le sperme des hommes convalescents au moins 82 jours après la première apparition des symptômes.

« Nous ne savons pas vraiment s’ils peuvent transmettre le virus », a dit Pieter Desloovere, un responsable des communications pour l’OMS au Liberia. « Nous ne disposons d’aucune preuve scientifique pour l’instant. Nous ne pouvons pas dire si les patients de sexe masculin qui obtiennent leur congé du centre de traitement risquent d’infecter leur femme, mais nous savons que le virus peut survivre dans le sperme jusqu’à trois mois. Voilà pourquoi nous conseillons à ces hommes de s’abstenir d’avoir des rapports sexuels pendant trois mois. »

L’OMS recommande l’utilisation de préservatifs lorsque l’abstinence n’est pas possible et suggère aux hommes de « conserver une bonne hygiène personnelle après la masturbation ». Elle ne recommande cependant pas de garder ces hommes en quarantaine pendant les 90 jours suivant l’obtention d’un test de sang négatif.

Les experts de l’OMS ne savent toujours pas pourquoi le virus d’Ebola peut vivre dans le sperme plus longtemps que dans le sang ou la salive et pourquoi il survit dans le sperme de certains hommes seulement. Depuis 1977, seules quatre études se sont intéressées à la présence du virus d’Ebola dans le sperme des survivants. Le virus vivant était présent dans le sperme de trois patients seulement sur les 43 ayant été examinés.

Mieux vaut prévenir que guérir

Un survivant de Monrovia qui a demandé à garder l’anonymat a dit à IRIN qu’il prenait au sérieux le conseil de son médecin de s’abstenir d’avoir des relations sexuelles pendant trois mois.

« Même si c’est une règle difficile, je la respecte pour assurer la survie de ma famille », a-t-il dit. « En fait, depuis que je suis rentré chez moi, ma femme et moi ne dormons pas dans la même pièce. Nous ne prenons pas notre bain ensemble et je ne la regarde pas se déshabiller. Je fais tout cela pour éviter d’être tenté d’avoir des relations sexuelles avec elle. »

Son épouse, qui a aussi demandé l’anonymat, a dit : « Je sais que c’est une décision difficile, mais nos vies sont plus importantes que le sexe. Je fais donc preuve de patience pour le moment. Nous pourrons avoir des relations sexuelles après la fin des trois mois. »

Sarah Jackson, 35 ans, a dit à IRIN qu’elle tenait compte du conseil du ministère.

« Cette nouvelle me terrorise », a-t-elle dit. « Je ne suis pas mariée, mais j’ai décidé, depuis l’épidémie, d’arrêter d’avoir des relations sexuelles. J’ai trop peur d’être infectée. Il est plus sûr de ne pas prendre de risque, car je ne connais pas toujours le statut de mon partenaire. Pour le moment, je pratique l’abstinence. »

Un combat ardu

Tous les Libériens ne sont cependant pas aussi réceptifs lorsqu’on leur demande de pratiquer l’abstinence.

Joseph Saah, agent de santé du district pour le ministère de la Santé et du Bien-être social, a dit qu’il était parfois difficile de convaincre certains hommes de pratiquer l’abstinence une fois guéris.

« Je dis aux survivants d’Ebola : `Si vous aimez vraiment votre femme, vous pratiquerez l’abstinence pendant trois mois’ », a-t-il dit. « Je leur fais comprendre qu’il ne leur arrivera rien s’ils s’abstiennent d’avoir des relations sexuelles pendant trois mois. Mais nous constatons que la plupart d’entre eux agissent de manière irresponsable et que nous risquons une autre flambée importante de la maladie si nous ne faisons pas preuve de davantage de prudence. »

M. Saah a dit à IRIN que le ministère exhortait également les épouses et les petites amies des survivants à refuser d’avoir des rapports sexuels avec leur partenaire pendant les trois mois suivant leur guérison. Les femmes sont en outre encouragées à signaler toute tentative d’un survivant d’avoir des rapports sexuels avec elles.

John Socree, un homme d’affaires du comté de Margibi, a dit qu’il exhortait tous les Libériens à suivre le conseil du ministère.

« Les survivants d’Ebola doivent respecter cette recommandation si cela peut contribuer à enrayer la propagation du virus au Liberia », a-t-il dit à IRIN. « Ils doivent le faire pour le plus grand intérêt du peuple et de la nation. »

L’abstinence n’est pas la solution

Malgré le « risque potentiel » de transmission sexuelle, Médecins Sans Frontières (MSF) recommande simplement l’adoption de pratiques sécuritaires dans les trois mois suivant la guérison.

« Les patients guéris qui ont obtenu leur congé du centre de traitement ont gagné la bataille contre le virus. La présence continue mais réduite du virus dans le sperme ne signifie donc pas qu’un survivant est contagieux ou qu’il est encore en période d’incubation », a dit Laetitia Martin, une porte-parole de MSF au Liberia. « Si le patient et sa partenaire préfèrent s’abstenir pendant cette période, c’est leur choix. Mais cela n’est pas nécessaire s’ils utilisent des préservatifs correctement et de manière systématique. »

Malay Mulbah, une femme de 46 ans de l’arrondissement de New Kru, sur l’île de Bushrod, a dit que l’utilisation d’une protection comme le préservatif était l’option la plus réaliste.

« L’abstinence est difficile pour moi. Le mieux que je puisse faire, c’est de me protéger du virus », a-t-elle dit à IRIN. « Je traîne généralement des préservatifs partout où je vais. »

L’utilisation de préservatifs n’est cependant qu’une mesure de sécurité parmi d’autres. MSF a dit que l’accent devait continuer d’être mis sur les principaux modes de transmissions d’Ebola, notamment les pratiques funéraires à risque et les contacts avec une personne infectée ou avec des objets ayant été souillés par les fluides corporels d’une personne malade.

« Cette recommandation [d’utiliser des préservatifs] ne devrait en aucun cas devenir un message prioritaire, car il n’y a, à ce jour, aucun cas documenté d’Ebola ayant été transmis sexuellement », a dit Mme Martin. « Si les rapports sexuels avec des survivants d’Ebola étaient une voie de transmission importante pour le virus, il y aurait des indices épidémiologiques clairs. Ce n’est pas le cas jusqu’à présent. »

jl/pc/cb – gd/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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