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Les priorités pour les électeurs mauritaniens

Campaign posters for candidates running in 23rd November local and general elections, in Nouakchott's Sebkha neighbourhood. Mamoudou Kane/IRIN
Les affiches de campagne des élections du 23 novembre
Alors que les résultats des élections législatives et municipales du 23 novembre sont toujours attendus en Mauritanie, le parti du président Mohamed Ould Abdel Aziz, l'Union pour la république, semble en passe de remporter le scrutin devant le parti islamiste Tawassoul. Les estimations du taux de participation varient entre 46 pour cent, selon Tawassoul, et 60 pour cent et, selon bon nombre d'électeurs, les relations des candidats ont plus compté que leur projet politique ou leur volonté de changement.

Si le parti Tawassoul a participé au scrutin, les autres principaux partis d'opposition ont boycotté ces élections, qu'ils ont qualifiées de « mascarade ». Ils ont accusé le parti au pouvoir de ne pas leur avoir donné suffisamment la parole.

Le président Abdel Aziz a pris le pouvoir par un coup d'État militaire en 2008 avant d'être élu président un an plus tard. La prochaine élection présidentielle se tiendra en 2014.

Les Mauritaniens ont entendu peu de nouvelles idées lors des campagnes électorales de 2013, mais ils ont eu de nombreuses occasions de voir des voitures de luxe traverser les quartiers chics, alors que des partisans brandissaient des photos de leurs proches - un cousin, une tante, un oncle - pour leur apporter leur soutien dans la course au fauteuil de maire ou d'adjoint au maire, ont indiqué des résidents du quartier chic de Tevragh Zeina.

Rares sont les candidats qui ont présenté leurs propositions politiques ou leurs projets sur les milliers d'affiches collées à travers le pays, ont dit des habitants de la capitale, Nouakchott, qui compte deux millions d'habitants, soit la moitié de la population mauritanienne. De manière générale, les tracts disaient : « Pour le changement, votez pour » sans détailler les changements proposés.

Environ 1 500 candidats représentant 74 partis ont participé aux élections qui devaient permettre d'élire 147 députés et 218 maires. Les résultats devraient être annoncés ce weekend.

« Que ce soit les candidats au poste de député ou les candidats au poste de maire, nous ne savons pas grand-chose d'eux...Ils portent de beaux vêtements, mais il n'y a rien de concret », a dit Seydou Demba, un jeune qui vit à Tevragh Zeina. Il n'a pas participé aux élections qu'il a qualifiées de « comédie ». Les maires qui ont brillé par leur absence pendant leur mandat « ont le culot de se présenter devant nous - dans certains cas, c'est la première fois que nous les voyons », a-t-il dit à IRIN.

Doléances des populations après les inondations

Amadou Sall, un charpentier qui vit à Cinquième, le « cinquième » arrondissement de Nouakchott, a cité le cas de Raby Haïder, maire sortante de Sebkha, un faubourg de Nouakchott qui a été gravement touché par les inondations de septembre. « Elle n'a pensé qu'à se remplir les poches - elle a pris quelques initiatives, comme le nettoyage de la place du marché, mais elle l'a fait en partie pour son bénéfice personnel », a dit M. Sall.

Les journalistes d'IRIN n'ont pas réussi à joindre Mme Haïder, mais son assistant, Saleck Ould Houdou, a dit que ces accusations n'étaient pas fondées. Il a expliqué la lenteur de la réponse du gouvernement après les inondations : « Elle n'aurait pas pu faire grand-chose pour les inondations. C'était un acte de Dieu. Nous n'avions pas suffisamment de marge de manouvre au niveau des comptes pour répondre aux besoins de la population après cette catastrophe naturelle ».

Au moins 2 000 personnes ont été déplacées et des centaines de maisons ont été inondées à Sebkha lors des fortes pluies de septembre, mais il a fallu trois semaines aux autorités locales pour répondre à la crise et fournir deux pompes pour évacuer l'eau. Entretemps, les habitants avaient décidé de s'entraider : les familles distribuaient des repas chauds aux déplacés, tandis que l'organisation non gouvernementale (ONG) World Vision participait à l'évacuation des eaux stagnantes et distribuait des moustiquaires.

Alioune Traore, un technicien de l'eau qui vit dans le quartier, a dit qu'il était content que « l'État agisse enfin », mais il a ajouté qu'il s'agissait d'une solution provisoire. « Pour résoudre le problème à long terme, il nous faudra plus que deux pompes et des morceaux de ficelle », a-t-il dit.

Plusieurs personnes interrogées par IRIN ont dit que le développement des infrastructures de la capitale, notamment l'amélioration des routes et des réseaux d'alimentation en eau, doit être la priorité. N'diaye Diop, un autre charpentier du Cinquième, a dit à IRIN : « Les dernières inondations ont montré que, si rien n'est fait, le manque d'hygiène rendra le quartier inhabitable. Il faut concentrer les efforts sur les infrastructures. Ici, les routes sont de simples pistes de sable. Elles sont toutes en mauvais état. Il n'y a pas d'eau courante et l'électricité ne fonctionne pas correctement ».

En Mauritanie, seulement la moitié des habitants des villes et un peu moins de la moitié des habitants des zones rurales ont accès à une source d'eau potable améliorée, selon les chiffres de 2010 fournis par l'UNICEF.

Des progrès ont toutefois été réalisés : près de 100 km de routes ont été construits à travers le pays au cours de ces cinq dernières années. Et l'approvisionnement en eau devrait s'améliorer grâce au projet 'Aftout-Es-Saheli', dont l'objectif est d'approvisionner en eau les habitants de Nouakchott à partir du fleuve Sénégal. Ce projet lancé par le gouvernement prévoit également la construction de stations de pompage, d'une usine de traitement de l'eau et d'un réservoir.

Toutefois, les progrès ont été inégaux, a dit M. Diop. Ainsi, si les habitants des quartiers de l'est de la ville, comme Dar Naim et Toujounine, ont constaté une amélioration de l'accès à l'eau potable, dans d'autres quartiers, comme Basra and Sebkha, principalement habités par des Mauritaniens noirs, la situation ne s'est pas améliorée, voire s'est encore détériorée, ont indiqué les résidents.

Éducation, santé

Des améliorations ont été enregistrées dans d'autres domaines de développement : 74 pour cent des enfants d'âge primaire sont scolarisés, mais le taux de scolarisation dans le secondaire est moins bon. (Le pays ne dispose pas de statistiques plus précises, mais selon l'UNICEF, seulement 21 pour cent des garçons et 17 pour cent des filles ont été scolarisés régulièrement dans un établissement secondaire entre 2007 et 2011). Depuis les années 1980, l'espérance de vie a augmenté de 5,9 années, le niveau de scolarité moyen des enfants a augmenté de 1,9 année et le revenu national brut par habitant est en hausse de 15 pour cent, selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Mais pour bon nombre de résidents de Nouakchott, la persistance des prix alimentaires élevés depuis la flambée mondiale des prix des denrées alimentaires en 2008 a réduit les gains financiers réalisés dans d'autres domaines.

La Mauritanie est largement dépendante des importations de produits alimentaires. L'aide fournie par le gouvernement et le Programme alimentaire mondial (PAM) couvre environ 40 pour cent des besoins en céréales du pays lors d'une bonne année, selon la Banque mondiale. L'agriculture non irriguée étant majoritaire, ce pays de la région du Sahel se trouve à la merci des précipitations, qui ont été insuffisantes pendant trois de ces neuf dernières années.

Si 23 pour cent des Mauritaniens gagnent moins de 1,25 dollar par jour, 61 pour cent des habitants du pays vivent dans ce que le PNUD appelle une « pauvreté multidimensionnelle ». Cet indice identifie les ménages qui connaissent des privations en termes d'éducation, de santé et de niveau de vie.

L'exode rural observé à travers le pays a entraîné une augmentation de la population urbaine, et on a constaté une « explosion » du nombre de mendiants à Nouakchott au cours de ces cinq dernières années, a dit Mamadou Kane qui habite dans la capitale.

Le gouvernement place de grands espoirs dans les réserves pétrolières marines de Chinguetti qui, selon l'institut West Africa Resource Watch, pourraient s'élever à un milliard de barils. Cependant, les habitants craignent que les richesses potentielles ne soient pas utilisées pour stimuler le développement, et ce malgré la création en 2006 d'un fond « pétrole pour développement » financé par le ministère de la Finance, le ministère de l'Industrie et des Mines et la banque centrale de Mauritanie.

Tout plan de développement doit avoir pour priorité d'offrir davantage d'opportunités aux jeunes, ont dit des jeunes de la capitale à IRIN. Les habitants se plaignent que la majorité des candidats ne pensent pas à leur avenir, mais quelques candidats ont parlé de leurs projets aux journalistes d'IRIN. Le maire du faubourg de Dar Naim, Cheikhane Ould Boyba, du parti Tawassoul, a dit à IRIN que, s'il était réélu, il poursuivrait son programme de génération de l'emploi pour les jeunes, qui a été lancé il y a cinq ans avec l'aide de l'ONG Caritas. Le programme forme des diplômés de l'enseignement secondaire à la charpenterie, à la mécanique, etc., et les aide à trouver un emploi.

« Les jeunes ne devraient pas être inoccupés et nous devons montrer qu'il y a des alternatives », a-t-il dit. Il a également encouragé la participation des jeunes à des projets dont l'objectif est de garder le faubourg propre.

Ould Dey Dey, principal candidat au poste de maire de Tevragh Zeina et membre du parti républicain pour la démocratie et le renouveau, prévoit également de donner la priorité aux jeunes s'il est élu. Il a dit à IRIN : « Les jeunes sont la colonne vertébrale de Tevragh Zeina. C'est un très mauvais programme qui a ignoré cette communauté pleine de vie ».

mk/aj/rz-mg/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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