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Des progrès dans la lutte contre la faim dans le monde

Fried yellow fish being sold by hawkers in Ha Lejone, Lesotho. The fish is very bony and does not have an export market beyond local consumption Guy Oliver/IRIN
Fried yellow fish being sold by hawkers in Ha Lejone, Lesotho (March 2013)
Depuis huit ans, l’Indice de la faim dans le monde (Global Hunger Index, GHI) cartographie chaque année l’état de la situation alimentaire. Les cartes montrent que la situation s’est améliorée au fil du temps. Les taches rouge foncé qui couvraient auparavant une bonne partie de l’Afrique et indiquaient des niveaux de faim « extrêmement alarmants » sont, pour la plupart, devenues orange, et la majeure partie des zones orange sont passées au jaune, indiquant une situation « grave », mais pas « alarmante ». Le Ghana est maintenant vert clair, la couleur choisie pour représenter un niveau de faim « modéré », alors qu’il était représenté en jaune en 2006. La situation s’est aussi grandement améliorée dans de nombreux pays d’Asie.

L’Indice 2013, paru cette semaine, montre de nouvelles avancées. Selon les organisations qui ont travaillé à sa compilation – l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), Concern Worldwide et Welt Hunger Hilfe –, 23 des 120 pays étudiés ont fait des progrès significatifs, améliorant leur score de 50 pour cent ou plus par rapport à la référence de 1990 des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Parmi les 10 pays où l’amélioration est la plus notable, on peut citer l’Angola, le Bangladesh, le Cambodge, l’Éthiopie, le Malawi, le Niger, la Thaïlande et le Vietnam.

Selon le directeur de l’Institut des études de développement Lawrence Haddad, qui a travaillé sur l’Indice de cette année, les tendances documentées pourraient permettre de briser les stéréotypes. « Il est intéressant de noter que, si l’Asie du Sud avait un meilleur score que l’Afrique subsaharienne en 2000, la situation s’est aujourd’hui inversée. Nous avons tendance à croire que les mauvaises nouvelles viennent d’Afrique, mais, au niveau régional, l’Afrique s’en est mieux sortie que l’Asie du Sud au cours des 10 à 15 dernières années. C’est une bonne nouvelle », a-t-il dit.

Malgré une amélioration généralisée de la situation, de nombreux pays demeurent désespérément à la traîne. Le Burundi, l’Érythrée et les Comores sont toujours en zone rouge. Le Swaziland, où la faim n’est pas si extrême, a néanmoins enregistré un déclin important ; d’après l’Indice de la faim dans le monde, la faim au Swaziland aurait augmenté de 38 pour cent depuis 1990.

« Je pense qu’il y a différents facteurs en jeu », a dit Dominic MacSorley, directeur général de Concern Worldwide, à IRIN. « Au Swaziland, le VIH/SIDA est l’une des principales causes. Il y a d’autres pays où [les niveaux de faim varient] en fonction de la densité urbaine, et nous savons maintenant que la pauvreté, associée au fait qu’il y a plus de gens qui vivent dans les environnements urbains, est un facteur important. »

« Je pense que ce qui est intéressant, c’est justement que nos idées au sujet des lieux les plus pauvres – le Sahel, les zones non urbaines – sont remises en cause, ce qui signifie que nous devrons apporter des changements dans notre façon de travailler », a-t-il dit.

Programmes d’orientation

L’une des principales forces de l’Indice est qu’il ne se contente pas de mesurer la disponibilité globale de la nourriture dans un pays, mais qu’il tente aussi de voir si celle-ci est accessible à ceux qui en ont besoin. Il utilise trois indicateurs : la proportion de la population sous-alimentée (en pourcentage), la proportion des enfants de moins de cinq ans ayant un poids insuffisant pour leur âge et le taux de mortalité des moins de cinq ans, qui est étroitement associé à un apport alimentaire inadéquat.

L’Indice présente malgré tout certaines faiblesses. Les personnes chargées de sa compilation doivent se contenter des données qui sont mises à leur disposition. Pour l’Indice 2013, les données nationales les plus récentes pour les trois indicateurs ont ainsi été recueillies entre 2008 et 2012. L’Indice offre ainsi, selon elles, « un aperçu non pas du présent, mais du passé récent ». Pour certains pays, les données ne sont tout simplement pas disponibles, et il est fort probable que certains d’entre eux – l’Afghanistan, la République démocratique du Congo (RDC) et la Somalie, par exemple – fassent partie des pays qui enregistrent les pires scores.

« Nous avons tendance à croire que les mauvaises nouvelles viennent d’Afrique, mais, au niveau régional, l’Afrique s’en est mieux sortie que l’Asie du Sud au cours des 10 à 15 dernières années. »
L’Indice a malgré tout prouvé son utilité. Lynne Featherstone, sous-secrétaire d’État au Département britannique pour le développement international (DFID), l’a qualifié « d’outil des plus fantastiques ».

« Je pense que cela nous permet d’avoir un point de référence et de savoir vers où nous allons », a-t-elle dit.

Kate Franks, de la fondation Innocent, a dit à IRIN que son organisation utilisait fréquemment l’Indice. « C’est l’une des mesures de référence que nous employons pour déterminer quels sont les endroits prioritaires pour le financement de projets de lutte contre la faim. Parce qu’il est simple, parce qu’il est objectif, il nous aide à prendre des décisions lorsque nous évaluons les propositions des nombreuses organisations différentes qui font appel à nous. »

Résilience

Le rapport qui accompagne l’Indice de la faim dans le monde 2013 a pour thème central la nécessité de « construire la résilience pour une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable ».

S’il est clair que la croissance économique globale a joué un rôle de premier plan dans la réduction de la faim dans des pays comme le Ghana et le Vietnam, M. MacSorley, de Concern, estime toutefois qu’on peut aussi lutter contre la faim dans des régions très pauvres en mettant l’accent sur la résilience.

« Ce qui nous plaît beaucoup dans l’Indice de cette année, c’est qu’il insiste sur [l’importance de] la résilience et sur la mise en oeuvre d’une approche de résilience dans des pays qui, à l’exception de l’aide d’urgence qu’ils reçoivent à court terme, sont souvent négligés », a-t-il dit. « Nous sommes maintenant au Niger et au Kenya, et même à Haïti, [et cela fait] deux ou trois ans que nous avons entrepris la conception de programmes qui commencent à atteindre leur vitesse de croisière et à donner des résultats concrets. »

L’un de ces programmes, mis en oeuvre dans le district de Moyale, dans le nord du Kenya, tente d’améliorer la résilience par divers moyens, notamment la diversification du bétail, l’introduction de nouvelles cultures, l’amélioration de la gestion des pâturages et des ressources en eau, la résolution des conflits et le renforcement de la capacité du gouvernement local. Quand la sécheresse a frappé la région en 2011, les taux de malnutrition aiguë sévère (MAS) ont augmenté de 285 pour cent et de 386 pour cent respectivement dans les districts voisins de Marsabit et du Nord-Wajir alors qu’ils ont diminué dans le district de Moyale.

Victor Odero, l’un des responsables des programmes de Concern au Kenya, a dit que les habitants de Moyale avaient intégré le concept de résilience. « Ils n’utilisent pas le terme de ‘résilience’ quand vous discutez avec eux, mais son sens est bien compris par la communauté. C’est, essentiellement, ce qui leur a permis de survivre aussi longtemps dans un climat aussi rude », a-t-il dit.

eb/rz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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