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Encore beaucoup à faire pour éradiquer les maladies tropicales négligées

A young boy winces in pain whilst receiving an injection. Young boys are at particular risk of contracting Kala Azar while out herding David Gough/IRIN
A young boy winces in pain whilst receiving an injection. Young boys are at particular risk of contracting Kala Azar while out herding
Il y a dix ans, le principal traitement pour le kala-azar – une maladie qui fait jusqu’à 40 000 victimes chaque année – était une série de 30 injections, à raison d’une par jour. Il s’agissait d’une entreprise difficile tant pour les patients que pour les centres de santé mal équipés des régions reculées, où surviennent de nombreux cas. Le traitement d’association utilisé aujourd’hui a permis de ramener la période de traitement à 17 jours dans certaines zones affectées, mais les scientifiques et les responsables de la santé continuent de travailler au développement d’un simple comprimé pour remplacer les injections douloureuses et faciliter encore davantage le traitement.

La maladie, aussi connue sous le nom de leishmaniose viscérale, est transmise par un insecte vecteur, le phlébotome. Elle cause des lésions douloureuses et entraîne la mort si elle n’est pas soignée. On la retrouve en Éthiopie, au Kenya, en Somalie, au Sud-Soudan et en Ouganda, ainsi que dans certaines régions d’Asie, d’Europe de l’Est et du Moyen-Orient. Et ce n’est qu’une des 17 maladies inscrites sur la liste des maladies tropicales négligées de l’Organisation mondiale de la santé des Nations Unies, qui, ensemble, font environ un demi-million de victimes chaque année.

Depuis dix ans, l’initiative Médicaments contre les maladies négligées (Drugs for Neglected Diseases Initiative, DNDi) s’implique dans la Recherche et le Développement (R et D) pour les maladies négligées dans le monde. L’organisation a développé six nouveaux traitements pour le paludisme, la maladie du sommeil, le kala-azar et la maladie de Chagas.

Un événement de deux jours a récemment été organisé dans la capitale kényane, Nairobi, pour faire le point sur les innovations de la dernière décennie en matière de traitement des maladies négligées en Afrique. Les participants à la conférence, qui a réuni plus de 400 scientifiques, responsables de la santé gouvernementaux et représentants des organisations membres de la DNDi, ont reconnu que des progrès importants avaient été accomplis dans la lutte contre plusieurs maladies négligées, mais qu’il fallait encore récolter davantage de financement et mettre en place un meilleur leadership et une coordination plus adéquate pour les éradiquer du continent.

Des traitements plus simples et plus efficaces

« Quand j’ai commencé à pratiquer la médecine, il y a 20 ans, je me rappelle avoir perdu deux patients atteints de la maladie du sommeil, tous deux âgés d’environ 20 ans. Ce n’est pas la maladie qui les a tués, c’est la toxicité du traitement... C’était terrible pour les familles et pour moi », a dit à IRIN Wilfried Kalonji Mutombo, un médecin homologué qui travaille dans la province de Bandundu, dans le sud-ouest de la République démocratique du Congo (RDC). « Maintenant, nous traitons la maladie du sommeil avec des comprimés et des perfusions intraveineuses qui sont beaucoup moins toxiques. C’est bien moins stressant. »

M. Mutombo a toutefois encore de la difficulté à acheminer les médicaments de la capitale, Kinshasa, à Bandundu. « Je dois conduire 10 heures depuis Kinshasa, et je peux seulement transporter une quantité limitée de médicaments. Les boîtes de comprimés et les kits intraveineux nécessaires pour traiter quatre personnes seulement pèsent quelque 30 kilos », a-t-il dit. « Une fois arrivé à Bandundu, je dois généralement faire six ou sept heures de bateau pour me rendre dans les centres de santé qui ont besoin des médicaments. Le personnel de ces centres n’est pas toujours formé pour administrer le médicament... Il est difficile de trouver et de garder du personnel qualifié dans les régions isolées. »

DNDi mène actuellement des essais cliniques en RDC et en République centrafricaine (RCA) pour évaluer l’efficacité du féxinidazole, un nouveau traitement oral de 10 jours contre la maladie du sommeil. Ce médicament permettrait de simplifier considérablement le traitement de la maladie.

À l’occasion d’une conférence de presse qui s’est tenue le 5 juin, Marcel Tanner, président du conseil d’administration de DNDi, a dit que l’Afrique devait surmonter le « triangle fatal » des maladies négligées, des personnes négligées et des systèmes de santé négligés, qui continue de freiner les progrès, pour réussir à éradiquer les maladies négligées.

Or, ce ne sont pas seulement les systèmes de santé qui ont besoin d’être améliorés ; la médiocrité des réseaux routiers, l’inadéquation des capacités de recherche locales, la corruption, les conflits et l’isolement des régions où se manifestent plusieurs de ces maladies entravent aussi les efforts de contrôle des maladies tropicales négligées.

Au-delà des systèmes de santé

« Il faut d’abord s’assurer d’avoir les médicaments les plus efficaces et les plus appropriés et ensuite convaincre les compagnies pharmaceutiques qu’elles trouveront un marché si elles investissent dans la R et D pour ces maladies. Les personnes affectées par ces maladies sont en effet les plus pauvres des pauvres », a dit à IRIN John Amuasi, directeur de la R et D au Komfo Anokye Teaching Hospital, au Ghana.

Les communautés de brevets, qui permettent aux détenteurs de brevets d’autoriser leur utilisation par les fabricants de médicaments génériques, et les mécanismes de garantie de marché, dans lesquels les bailleurs de fonds s’engagent à subventionner l’achat de vaccins qui ne sont pas encore sur le marché, ont été utiles, a-t-il dit.

« Il ne suffit pas de trouver un médicament bon marché : il faut ensuite mettre en place une chaîne d’approvisionnement solide, fiable, pour que les gens qui en ont besoin puissent y avoir accès où qu’ils soient », a-t-il ajouté.

Les méthodes innovatrices pour l’acheminement des médicaments, comme le modèle Coca-Cola – qui utilise les mécanismes de la distribution privée pour améliorer l’accès aux médicaments – et le recours accru aux téléphones portables pour rapporter des pénuries et coordonner les livraisons peuvent contribuer à l’amélioration de l’efficacité de la chaîne d’approvisionnement.

« La corruption est un autre problème. Le Fonds pour les médicaments antipaludéens à prix abordable (Affordable Medicines Facility for malaria, AMFM) finance des médicaments afin qu’ils puissent être vendus pour 1 dollar sur le marché Certains de ces médicaments ont été retrouvés dans des pays qui n’étaient pas impliqués dans le programme à des prix allant jusqu’à 10 dollars », a ajouté M. Amuasi. « Nous pouvons informer les communautés au sujet des prix qu’elles devraient pour les médicaments. Pour l’AMFM, les communautés devraient par exemple être informées que les médicaments portant le logo de feuille verte ne coûtent pas plus de 1 dollar. »

Il est également important de renforcer les capacités des infrastructures de recherches et des gouvernements africains pour appuyer la lutte contre les maladies tropicales négligées. DNDi travaille actuellement en collaboration avec plusieurs gouvernements africains pour mettre sur pied une autorité régionale responsable de la réglementation en matière de médicaments. L’organisation a également apporté son soutien à la création de la Plate-forme contre la leishmaniose en Afrique de l’Est, en 2003, et de la Plate-forme contre la trypanosomiase humaine africaine (THA, ou maladie du sommeil), en 2005. L’objectif de ces plates-formes est de renforcer la capacité de recherche sur ces deux maladies.

« En tant que [membres de la] communauté scientifique africaine, nous devons faire tout notre possible pour développer l’excellence scientifique afin de nous approprier la recherche en matière de santé », a dit le secrétaire de Cabinet pour la santé du Kenya, James Macharia, lors de la conférence de presse.

« Même avec des stratégies intégrées comme celles-là, et la volonté politique nécessaire pour les mettre en œuvre, en plus des ressources... nous ne devons pas oublier qu’il nous faut les bons outils pour réussir à éradiquer réellement plusieurs de ces maladies. »

kr/rz –gd/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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