Oumar Diakité, un habitant de Konna dans la région de Mopti, au centre du Mali, que les groupes islamistes ont tenté d’envahir le 11 janvier, déclenchant ainsi l’intervention des forces françaises, a déclaré à IRIN : « De jeunes enfants ont été recrutés. Ces enfants sont envoyés en missions de reconnaissance pour récolter des renseignements… Et lors des affrontements, ces enfants, souvent de simples élèves coraniques, sont placés sur la ligne de front ».
Selon un communiqué de Human Rights Watch (HRW) du 15 janvier, des témoins ont indiqué que les enfants géraient des points de contrôle dans des zones affectées par les bombardements aériens menés par les forces françaises.
M. Diakité a déclaré à IRIN : « Ils [les recruteurs] leur font croire que, s’ils meurent, ils iront directement au paradis, car ils défendent la volonté de Dieu. Je connais une femme dont le fils avait rejoint les rangs. Heureusement, nous avons pu le retrouver et le sauver juste à temps.
Au nord, dans la ville de Gao et ses alentours, les mères de ceux qui ont été recrutés essayent de retrouver leurs enfants, d’après les habitants.
Ibrahim Ag Idbaltanat, président de l’organisation malienne de défense des droits de l’homme TEMEDT, a déclaré à IRIN en octobre 2012 qu’au nord, beaucoup d’enfants étaient recrutés dans les écoles coraniques, où ils apprenaient à monter et à démonter un AK-47.
« Ces enfants n’ont pas à être recrutés », a déclaré à IRIN Corinne Dufka, directrice de recherche en Afrique de l’Ouest. « Ils doivent immédiatement être libérés pour qu’ils puissent retourner dans leurs familles ».
HRW affirme que des enfants d’à peine 12 ans ont été vus prenant activement part aux combats, beaucoup d’entre eux portant des AK-47 ou des fusils de chasse. Selon l’organisation, les groupes islamiques - Ansar Dine, le Mouvement pour l’unité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) - ont recruté, entraîné et utilisé plusieurs centaines d’enfants au sein de leurs forces depuis avril 2012.
Le recrutement s’est accéléré depuis deux mois, a déclaré Mme Dufka.
Fin 2012, des enfants ont également rejoint des camps d’entraînement militaires dans le sud du Mali, dont certains sont dirigés par des soldats maliens à la retraite, où ils sont entraînés pour combattre les groupes islamistes dans le nord. Les informations sont rares, mais les organisations pour le respect des droits de l’homme affirment que ces milices n’ont pas encore été mobilisées pour le combat.
Enfants blessés à l’hôpital de Gao
Des enfants ont été vus lors des combats à Konna - beaucoup d’entre eux venaient de Gao – et aux points de contrôle à Douentza, Boré et Gao. Ils sont âgés de 11 à 16 ans. Un passager du bus a déclaré à IRIN : « Il y avait tellement d’enfants au sein du MUJAO. À Boré, ce sont les enfants qui sont entrés dans notre autobus pour nous demander nos papiers et contrôler nos bagages. Il n’y avait qu’un jeune homme de plus de 18 ans à ce point de contrôle… et à Douentza, il devait y avoir 10 garçons de moins de 18 ans, le plus jeune devait avoir seulement 11 ans ».
À l’hôpital de Gao, des témoins ont affirmé à HRW qu’ils avaient vu des enfants blessés se faire soigner. HRW a aussi reçu des informations faisant état d’enfants retirés des hôpitaux pour être soignés dans les camps islamistes.
« Ces groupes islamistes n’ont pas à recruter d’enfants dans leurs rangs, encore moins à les placer sur la ligne de front », a déclaré Mme Dufka.
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