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Les transferts d'espèces, outils de la protection sociale

Cash - for generic use Nic McPhee/Flickr
Un indice solide doit être mis au point pour mesurer la qualité de l’aide apportée par les bailleurs, estiment les analystes
Étendre l'utilisation des programmes de transfert d'espèces permettrait de promouvoir le développement durable et de réduire la dépendance à l'aide d'urgence des États fragiles, comme la Somalie, selon des experts.

Pendant plusieurs décennies, la Somalie a reçu des aides d'urgence afin d'apporter une réponse aux crises chroniques, comme l'insécurité alimentaire persistante. Aujourd'hui, 2,12 millions de Somaliens font face à une grave crise de sécurité alimentaire, selon l'Unité d'analyse sur la sécurité alimentaire et la nutrition (Food Security and Nutrition Analysis Unit, FSNAU).

Les programmes de protection sociale - y compris les transferts d'espèces - sont perçus comme un moyen de réduire le besoin récurrent d'aide humanitaire.

« Les transferts d'espèces donnent aux ménages pauvres la capacité et la flexibilité nécessaires à la satisfaction de leurs besoins prioritaires », a dit à IRIN Sara Pavanello, chercheuse indépendante. Ils leur donnent également la possibilité d'épargner ou d'investir, par exemple en envoyant leurs enfants à l'école, ce qui réduit leur vulnérabilité à long terme.

L'intérêt portée aux transferts d'espèces tient notamment « à la frustration engendrée par les limites de l'aide humanitaire qui, dans certaines situations, est utilisée pour répondre aux besoins chroniques plutôt qu'aux besoins aigus », a dit à IRIN Paul Harvey, un partenaire de Humanitarian Outcomes.

« La nécessité de satisfaire les besoins aigus, à court terme, ne va pas disparaître, d'où l'existence du besoin de produits alimentaires, d'argent ou des deux. Il faut également songer à la protection sociale à long terme [qui ne] se substitue pas à l'aide humanitaire », a-t-il dit.

L'utilisation des transferts d'espèces dans le cadre du programme de protection sociale contre la faim (Hunger Safety Net Programme) mis en ouvre au Kenya et du Programme de filet de sécurité productif (Productive Safety Net Programme) mis en ouvre en Éthiopie a montré que les approches en matière de protection sociale à long terme constituent une alternative au recours récurrent à l'aide d'urgence, a observé M. Harvey.

Une opportunité pour les États fragiles

Les mesures de protection sociale sont généralement mises en ouvre par les gouvernements, qui versent les allocations d'aide ou maintiennent un filet de sécurité sociale.

Ces tâches sont toutefois insurmontables pour des États fragiles comme la Somalie, qui ne dispose pas des institutions et des infrastructures nécessaires après plusieurs décennies de guerre civile.

Dans le cadre d'un programme pilote, Save the Children et l'organisation non gouvernementale (ONG) somalienne ADESO ont tenté de montrer que les acteurs de l'aide internationale pouvaient fournir une protection sociale en Somalie - à condition que les bailleurs de fonds soient prêts à la financer.

Cependant, « en l'absence d'un gouvernement, la volonté des bailleurs de fonds de la financer est remise en question », a indiqué M. Harvey.

Selon Jesse McConnell, directeur de Reform Development Consulting, la participation du gouvernement est essentielle à la mise en ouvre des programmes de protection sociale dans les États fragiles : « Le principal avantage d'un programme de transfert d'espèces dans un État fragile - s'il est combiné à une forme d'engagement public - est le renforcement de la légitimité de l'État aux yeux des citoyens. Cela s'avère particulièrement important lors de la reconstruction d'un État chancelant, comme la Somalie, marquée par un leadership divisé et l'absence virtuelle de gouvernance ».

Les programmes de protection sociale qui s'emparent du rôle du gouvernement risqueraient d'entraver le rétablissement du pays, a-t-il ajouté.

« Le facteur le plus important dans la mise en ouvre d'un programme de protection sociale fondé sur les transferts d'espèces en Somalie est . la nécessité de s'associer à une autorité publique plutôt que de distribuer de l'argent fourni par une agence externe, ce qui perpétue la perception des "subventions". ce qui peut facilement saper les efforts déployés localement pour construire une capacité et une légitimité de gouvernance ».

Considérations

Dans les États fragiles, un ensemble de facteurs permet de déterminer si les transferts d'argent constituent une forme d'aide appropriée.

« Elle est appropriée lorsque les marchés locaux sont capables de répondre aux besoins de la population. Le risque d'inflation doit être pris en compte, l'inflation ne doit pas ne pas être trop élevée afin de ne pas réduire la valeur réelle du transfert », a dit Mme Pavanello, la chercheuse. « Il est également important de réaliser, particulièrement dans un contexte difficile . que la fourniture de tout type d'aide entraîne un risque élevé de détournement et de corruption ».

La gestion transparente des programmes de transfert d'espèces peut toutefois favoriser la responsabilisation et renforcer la gouvernance tout en offrant une réponse à la vulnérabilité, selon M. McConnell.

Dans certains contextes, l'argent peut être moins vulnérable à la corruption que l'aide alimentaire, tout simplement parce qu'il est moins visible ; dans d'autres situations, les personnes qui reçoivent de l'argent risquent d'être exposées à la violence ou aux vols.

« Appropriée » pour la Somalie

Les transferts d'espèces sont en général perçus comme une solution d'assistance importante en Somalie.

« La Somalie est étonnamment bien adaptée aux programmes de transfert à grande échelle », a écrit le directeur exécutif d'ADESCO, Degan Ali, dans un article d'opinion publié dans le Humanitarian Exchange Magazine. « Les marchés sont solides et bien intégrés », a-t-elle dit, « et le pays dispose de systèmes de surveillance des marchés à long terme sophistiqués, gérés par FEWSNET (Réseau de systèmes d'alerte précoce contre la famine) et la FSNAU, qui fournissent des données sur les produits essentiels ».

La Somalie dispose également d'un système de transfert de fonds bien développé ; les Somaliens installés à l'étranger envoient chaque année plus d'un milliard de dollars dans leur pays.

Les transferts d'espèces ont joué un rôle primordial en Somalie l'année dernière, car le pays ne recevait pas d'aide alimentaire. Une interdiction avait été imposée au Programme alimentaire mondial des Nations Unies alors que la famine frappait le centre-sud de la Somalie. « Les transferts d'espèces représentaient la seule forme d'assistance que les agences d'aide humanitaire pouvaient fournir afin de renforcer l'accès à la nourriture et à d'autres produits de base rapidement », a écrit M. Degan.

aw/kr/rz-mg/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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