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Le catalogue de Noël des réductions de l’aide alimentaire

Residents of an IDP camp in North Kivu receive food rations distributed by WFP WFP

Dans une bonne partie du monde, la saison des fêtes est l’occasion de se faire plaisir. Mais il en va bien autrement pour ceux qui sont occupés à fuir la violence et les bouleversements ou qui se trouvent coincés dans un camp de réfugiés avec pour tout repas de Noël les maigres rations alimentaires qui leur sont distribuées.

L’année a été dure pour les plus vulnérables, non seulement parce que les budgets des organisations d’aide humanitaire ont diminué, mais aussi parce que le nombre de personnes se trouvant en situation de crise et ayant besoin d’aide a augmenté.

« Ce n’est pas qu’une question de baisse de financements. La plupart des bailleurs de fonds se montrent toujours aussi généreux et mettent la main à la poche avec une relative constance depuis des années », a dit à IRIN Challiss McDonough, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM). « Mais le nombre de [personnes dans le besoin] est bien plus élevé [qu’auparavant]. »

L’Ouganda, qui accueille 602 000 réfugiés sud-soudanais, est un exemple particulièrement significatif. En raison du conflit qui secoue son voisin, « [le PAM aide] maintenant près de deux fois plus de réfugiés qu’il y a six mois », a expliqué Mme McDonough.

L’organisation, qui apporte une aide alimentaire d’urgence partout dans le monde, s’en ressent. « Je dirais qu’il y a probablement très peu de pays où nous n’avons pas eu besoin d’adapter nos plans d’aide à cause d’un manque de fonds », a dit Mme McDonough.

Voici donc un catalogue pas très festif des pays où le PAM a dû réduire les rations alimentaires, qui n’étaient déjà pas très grosses. Il comprend des programmes nationaux pour les non-réfugiés, qui ont eux aussi été touchés par les pénuries de fonds.

Burkina Faso

Les rations ont été réduites et l’aide en espèces a été suspendue pour les 31 000 Maliens réfugiés au Burkina Faso. Environ un quart des réfugiés n’a donc plus assez de nourriture pour répondre à ses besoins nutritionnels essentiels.

« La plupart des réfugiés accueillis dans les camps dépendent entièrement de l’aide humanitaire pour survivre », a dit Jean-Charles Dei, directeur national du PAM. « Lorsque l’aide est interrompue ou insuffisante, la sécurité alimentaire et la situation nutritionnelle se détériorent considérablement, notamment pour les femmes, les enfants et les personnes âgées. »

Burundi

Le manque de fonds a touché de multiples activités visant les populations vulnérables. Le programme « Vivres contre formation », destiné aux réfugiés congolais et aux migrants burundais expulsés de Tanzanie et du Rwanda, a été suspendu. Le nombre d’enfants bénéficiant du programme de lutte contre les retards de croissance a diminué de 70 pour cent et la campagne a été entièrement interrompue dans les provinces de Ruramvya et de Rutana.

Cameroun

Les rations alimentaires mensuelles destinées aux Centrafricains réfugiés au Cameroun ont été divisées par deux en novembre et en décembre. Les 150 000 réfugiés sont totalement dépendants de l’aide internationale.

En mai, le PAM a également interrompu par manque de fonds son programme de distribution de repas dans 16 écoles primaires du nord du Cameroun.

République centrafricaine

Le PAM n’a pas pu prêter assistance à plus de 500 000 personnes qui avaient urgemment besoin d’aide et a dû réduire de moitié la quantité de nourriture distribuée à ses bénéficiaires. Les repas scolaires d’urgence ont été interrompus à Bangui, la capitale, et les rations alimentaires destinées aux personnes déplacées à Kaga Bandoro, ville du centre du pays en proie à des violences, ont été réduites de 75 pour cent. « Le PAM doit mobiliser d’urgence des contributions flexibles pour assurer les distributions à partir de janvier », a signalé l’organisation.

Tchad

Depuis deux ans, les populations réfugiées au Tchad survivent grâce à des rations alimentaires mensuelles bien inférieures aux besoins les plus élémentaires. Dans certains cas, les rations ont été réduites de pas moins de 60 pour cent. Une évaluation conjointe publiée en novembre par le PAM et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a révélé que plus de 40 pour cent des 400 000 personnes réfugiées au Tchad souffraient de malnutrition et que la majorité des enfants étaient anémiés.

Éthiopie

Depuis novembre 2015, la diminution des rations a touché plus de 760 000 réfugiés, provenant pour la plupart du Soudan du Sud et de la Somalie. Malgré une amélioration générale des rations alimentaires depuis juin 2016, les foyers sont toujours confrontés à des difficultés, a averti le HCR. La réduction des aides a particulièrement affecté les enfants de moins de cinq ans : dans 10 des 22 camps de réfugiés évalués, la prévalence de la malnutrition aiguë chez ces enfants dépassait le seuil d’urgence des 15 pour cent.

Gambie

Toutes les activités concernant la nutrition et les moyens de subsistance ont été interrompues par manque de fonds.]

Kenya

En décembre, le PAM a divisé par deux les rations destinées aux 400 000 réfugiés des camps de Dadaab et de Kakuma. L’organisation a averti qu’en l’absence de nouvelles entrées de fonds, elle se trouverait complètement à court de nourriture d’ici le mois de février. La plupart des réfugiés de Dadaab ont déjà vu leur ration diminuer de 30 pour cent par rapport à juin 2015 et le HCR a mis en garde contre une augmentation probable de la malnutrition à cause de cette nouvelle coupure.

« Étant donné que la menace proférée par le Kenya d’expulser les Somaliens a déjà entraîné des retours forcés hors de tout cadre légal, la décision du [PAM] de réduire encore les rations alimentaires n’aurait pas pu tomber à un pire moment, » a déclaré Human Rights Watch.

Malawi

En raison de la diminution des aides entamée six mois plus tôt, 27 000 réfugiés ne recevaient début 2016 que 40 pour cent de la quantité minimale quotidienne de calories recommandée. En mars, ils ne recevaient plus que trois articles sur sept, à savoir du maïs, des haricots et de l’huile de cuisson. Le camp de Dzaleka accueille principalement des personnes originaires de la région des Grands Lacs et de la Corne de l’Afrique et les derniers arrivés fuient les troubles qui secouent le Mozambique.

Mauritanie

En novembre, le PAM a divisé par deux les rations alimentaires destinées à 42 500 réfugiés maliens. En l’absence de nouveaux financements, l’organisation devra suspendre ses distributions générales de vivres et ses transferts monétaires à partir du mois prochain. Un programme de repas scolaires pour les enfants mauritaniens vulnérables a également été interrompu et ne reprendra que partiellement en janvier.

Rwanda

Un programme national de prévention des retards de croissance pour les enfants âgés de 6 à 23 mois, les femmes enceintes et les mères allaitantes a été suspendu par manque de fonds.

Somalie

En décembre 2016, le PAM a prévu de réduire de manière significative ses programmes d’amélioration des moyens de subsistance. Si aucune ressource supplémentaire n’est confirmée, l’organisation ne pourra maintenir qu’un service minimum (concernant principalement la nutrition) à partir de février 2017. Le PAM cible 1,4 million de Somaliens vulnérables dans des zones en proie à l’insécurité alimentaire.

Ouganda

Les rations ont été divisées par deux pour quelque 200 000 réfugiés arrivés en Ouganda avant juillet 2015. Le faible niveau de financement et le grand nombre de nouveaux arrivants fuyant les combats au Soudan du Sud n’ont laissé aux employés du PAM « d’autre choix que de réévaluer leurs priorités pour aider en premier lieu les réfugiés qui en ont le plus besoin. » L’aide humanitaire destinée aux réfugiés sud-soudanais en Ouganda manquait déjà cruellement de fonds avant la recrudescence des violences à Juba au mois de juillet.

(PHOTO DE COUVERTURE : Des habitants d’un camp de déplacés au Nord-Kivu [République démocratique du Congo] recevant des rations alimentaires distribuées par le PAM. PAM)

oa/ag-ld/amz 

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