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Combien d’aide au développement va partir avec les troupes?

Selon des experts, le retrait planifié d’Afghanistan des forces armées étrangères durant les quatre prochaines années va aussi réduire l’aide au développement, particulièrement pour les projets visant au redressement social et dont l'objectif est de gagner « les cœurs et les esprits ».

« Parce que l’assistance au développement est liée à des objectifs de stabilité, il y a une crainte que si les militaires internationaux partent, le monde oubliera une fois de plus l’Afghanistan », a dit à IRIN Ashley Jackson, responsable du plaidoyer et de la communication à Oxfam International à Kaboul, la capitale du pays.

Durant les quatre prochaines années, les forces armées de 48 pays, dirigées par l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), vont progressivement quitter l’Afghanistan et transférer la responsabilité des combats aux forces de sécurité afghanes, dans le cadre d’un Processus de Transition approuvé par l’OTAN et le gouvernement afghan.

Lorsque la mission de combat du Canada s’achèvera en 2011, son assistance au développement pour 2011-2014 se réduira, d’après certaines informations, de 50 pour cent.

Des réductions similaires pourraient être faites par d’autres bailleurs de fond, qui ont déversé des millions de dollars dans l’aide en Afghanistan durant les dernières années, essentiellement pour remporter des victoires stratégiques et militaires contre les insurgés talibans.

Tous les contrats émis par le gouvernement américain doivent adhérer aux « objectifs globaux de la contre-insurrection en Afghanistan », et la destination où va l’argent américain « est aussi importante – ou peut être plus importante- que le produit ou le service livré », a dit l’ambassade des Etats-Unis à Kaboul dans un communiqué le 23 novembre.

Les agences humanitaires ont critiqué cette approche, la décrivant comme une « militarisation de l’aide ».

Conséquences

Malgré le retrait militaire imminent, de nombreux bailleurs de fond, y compris les Etats-Unis et le Canada, ont promis une assistance à long-terme à l’Afghanistan. Ainsi, selon une déclaration signée par le président Hamid Karzaï et le secrétaire général de l’OTAN le 20 novembre, « L’OTAN réaffirme son engagement à long-terme pour un Afghanistan souverain, indépendant, démocratique, sûr et stable qui ne sera plus jamais un lieu de refuge pour les terroristes et le terrorisme, et pour un meilleur avenir pour le peuple afghan ».

Cependant, de nombreux Afghans sont plutôt sceptiques. « Nous savons par expérience que la communauté internationale aura peu d’intérêt pour la réduction de la pauvreté, les droits de l’homme et le développement après que les forces armées se sont retirées », a dit la députée Shukria Barakzai.

Avant 2001, quand l’économie mondiale était florissante, l’Afghanistan – sévèrement touché par plus de trois décennies de guerre et classé pays le moins développé en Asie – ne recevait quasiment aucun soutien significatif étranger.

Durant les neuf dernières années, le pays est resté en tête sur la liste de nombreux pays bailleurs de fond mais il a à peine amélioré son classement parmi les pays les moins développés au monde.

Une réduction drastique de l’aide étrangère ne mettrait pas seulement en danger le modeste progrès de l’Afghanistan lors de cette période mais pourrait aussi entraîner des perturbations et des revers dans plusieurs secteurs cruciaux. « Les conséquences pourraient être désastreuses », a dit Mme Jackson d’Oxfam.

Alors que les forces de l’OTAN démarrent le transfert de responsabilités aux Afghans en 2011, la situation économique mondiale présente un autre défi pour l’Afghanistan d’après-l’OTAN : la possibilité de continuer à attirer l'aide et l'investissement.  

L’aide ou les affaires?

Selon des organisations humanitaires, plus de 40 milliards de dollars ont été déboursés pour des projets de développement par des agences de l’ONU, des ONGs, des acteurs militaires internationaux et des organismes gouvernementaux afghans depuis 2002, mais les efforts de l’aide ont été largement critiqués comme étant inefficaces et mal gérés et les experts disent que la gestion de la comptabilité a été faible.

Des travailleurs humanitaires ont également critiqué l’utilisation de compagnies privées locales et internationales par quelques bailleurs de fond, y compris les Etats-Unis, pour mettre en place les projets de contre-insurrection.

« Des sociétés privées de développement ne sont pas ici pour le peuple afghan, ils sont ici soit pour se remplir les poches, soit pour dépenser l’argent de leur gouvernement ; comme ça chez eux, les gens diront qu’ils ont dépensé de l’argent pour le développement », a dit à IRIN Pierre Fallavier, directeur de l’unité de recherche et d’évaluation sur l’Afghanistan (AREU), un organisme indépendant.

« Beaucoup de sociétés sont en plein essor et des étrangers, et quelques Afghans, sont devenus riches en Afghanistan, mais l’écrasante majorité des Afghans sont restés dans le dénuement », a dit la députée Shukria Barakzai.

Selon des responsables américains, le flot sans précédent de l’argent de l’aide, de trop nombreux projets de contre-insurrection et de projets de solution rapide ont même bénéficié aux insurgés, comme les taxes sur les convois routiers, alimentant ainsi le conflit.

« L’aide n’a pas stabilisé, mais a attisé le conflit en Afghanistan », a dit Yama Torabi, co-directeur de Integrity Watch Afghanistan (IWA), un organisme de lutte contre la corruption.

Moins d’aide plus efficace?

“Trop d’aide sans une surveillance adéquate est plus vulnérable à une mauvaise utilisation et à la corruption, mais moins d’aide à travers des canaux de développement appropriés sera plus efficace et transparent », a dit M.Torabi.

Des organismes de développement civil de l’Afghanistan devraient progressivement prendre en charge les dépenses de l’aide, ce qui pourrait accroître l’efficacité et la gestion comptable de l’aide.

Cependant, le classement du gouvernement parmi les trois premiers états les plus corrompus dans le monde, et la dégradation de la sécurité signifient qu’il n’y a pas de garanties fortes pour l’efficacité de l’aide après le désengagement militaire international.

Certains experts mettent l’accent sur la qualité de l’aide plutôt que sur la quantité. M. Fallavier d’AREU a commenté : « L’aide au développement ne peut pas être mesuré par le montant de l’argent versé, mais en terme de construction d’une capacité que les Afghans pourront entretenir par eux-mêmes ».

ad/he –sk/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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