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Khaltouma Abakar Issa, « Il n’y a rien à manger et cela rend les bébés malades »

A 70 ans, Khaltouma Abakar Issa a quatre enfants et quatre petits-enfants. Elle vit depuis toujours dans le village de Toula, au Tchad, dans la région de Kanem (ouest). Présidente de l’association de femmes de Toula, elle s’est entretenue avec IRIN sur les difficultés rencontrées par la population pour trouver de quoi manger, dans une région où un enfant de moins de cinq ans sur cinq souffre de malnutrition aiguë. 

« La vie est très difficile, ici. Le plus gros problème des femmes, c’est que leurs enfants sont tout le temps affamés. Il n’y a rien à manger, et cela rend les bébés malades ». 


« Chaque jour, nous mangeons un gâteau de millet. Nous en mangeons au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner. Nous le cuisinons avec de la sauce [de gombo], mais cette sauce est épaisse et n’a aucun goût, et on en a assez d’en manger tout le temps. Il n’y a pas de légumes frais, ici, pour pouvoir faire une bonne sauce ».


« Si nous étions en bonne santé, je ne voudrais pas en manger. Mais c’est tout ce qu’on trouve. Ca remplit l’estomac, pour ne plus avoir faim, mais c’est tout. Ca n’aide pas les enfants à grandir et à devenir forts ».


« La vie a toujours été difficile, ici, même quand j’étais petite. Mais je me souviens que ce n’était pas aussi difficile, à l’époque. Il y avait plus d’arbres et il pleuvait beaucoup ; les gens pouvaient planter. La plupart des gens avaient quelques bêtes, donc nous avions de la viande et du lait pour compléter notre régime alimentaire ». 


« Aujourd’hui, il fait plus chaud, il y a plus de tempêtes de sable, et il est plus difficile de trouver des pâturages. Nous avions plus de bêtes, quand j’étais jeune ; maintenant, lorsqu’une famille a quelques vaches, elle est considérée comme riche. Parfois, on mange un peu de viande séchée, on boit un peu de lait, mais cela doit être pour une occasion spéciale ». 


« Après la saison des pluies, on peut encore faire pousser des légumes (des tomates, par exemple), mais seulement pendant quelques mois. [Pendant une bonne partie de l’année], la terre est trop sèche et nous ne pouvons pas nous permettre de gaspiller de l’eau. Parfois, si quelqu’un va au marché de Mao [chef-lieu de Kanem, à une centaine de kilomètres de là], nous pouvons acheter des choses, des dattes ou des tomates séchées, par exemple ». 


« Les mères ne sont pas bien nourries, donc, les bébés ne sont pas assez alimentés. Nous devons aider les mères à continuer de donner du lait. [Les femmes] allaitent généralement pendant 18 mois environ, puis, le bébé passe directement à une alimentation normale. Mais s’il n’y a rien pour remplacer le lait, le bébé ne garde pas un poids sain ». 


« Le pire, pour les mères, c’est de voir leurs enfants pleurer. C’est dur pour moi, en tant que grand-mère, de voir qu’ils ont faim. Nous sommes tellement tristes pour eux… quand ils vous regardent et que vous avez envie de manger quelque chose ». 


ch/np/nh


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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