Dans sa décision annoncée le 20 avril, la Cour d’appel de Dakar, la capitale sénégalaise, a également ordonné la libération immédiate des neuf Sénégalais, arrêtés fin décembre au domicile de l’un d’entre eux, un activiste de la lutte contre le sida, et condamnés pour « acte impudique et contre nature et association de malfaiteurs ».
« Nous saluons la libération des [neuf] hommes qui vont peut-être rentrer chez eux et poursuivre leur travail inestimable dans la lutte contre le sida », a déclaré le docteur Julio Montaner, président de l’organisation International AIDS society (IAS) dans un communiqué le 23 avril.
« Cependant, nous continuons à être sidérés par le maintien de lois qui autorisent la criminalisation de l’homosexualité, et nous exhortons le gouvernement du Sénégal et d’autres pays disposant de législations similaires à les transformer immédiatement, dans l’intérêt de la santé publique et des droits humains », a-t-il ajouté. « Des preuves attestent que la criminalisation, ou la discrimination, d’un groupe d’individus quel qu’il soit ne sert qu’à alimenter l'épidémie de VIH/SIDA en refusant l’accès de ces groupes à des services et des messages de prévention pertinents ».
Le taux de prévalence du VIH au sein de la communauté MSM au Sénégal est estimé à plus de 21 pour cent, contre 0,7 pour cent pour la population générale, selon des données officielles.
L’arrestation des neuf hommes était intervenue quelques jours après la clôture de la XVe Conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles en Afrique (ICASA), organisée début décembre à Dakar, au cours de laquelle plusieurs intervenants avaient insisté sur la nécessité de prendre en compte les populations vulnérables, parmi lesquelles les MSM (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes), dans la réponse à l’épidémie.
Pratiquée de longue date en dépit des protestations de nombreuses organisations internationales de défense des droits humains et de lutte contre le sida, la discrimination à l’encontre de la communauté gay au Sénégal s’est intensifiée suite à la publication dans la presse locale, début 2008, de photos d’une cérémonie gay, déclenchant une véritable chasse à l'homme qui a poussé de nombreux membres de cette communauté à s’exiler pour échapper aux violences.
Selon le Code pénal sénégalais, les actes homosexuels sont passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 1,5 million de francs CFA (environ 3 000 dollars) d’amende.
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