Dans le cadre d’une manifestation de trois jours contre l’insécurité et les attentats ciblant les établissements scolaires à Mogadiscio, la capitale somalienne, la plupart des écoles ont fermé et des milliers d’enfants ne vont plus en classe, selon les habitants de la région.
« Près de 90 pour cent des établissements primaires et secondaires de Mogadiscio participent à la grève », a expliqué Abdoulkadir Omar Roble, porte-parole de l’Education Fraternity, une organisation qui chapeaute les réseaux éducatifs de la ville, et qui a organisé la manifestation.
Les attentats et la prise pour cible délibérés des écoles sont les principales raisons de cette grève, a déclaré M. Roble à IRIN, le 3 septembre. « Rien que cette année, six écoles ont été la cible d’attentats : six élèves et deux enseignants ont été blessés », a-t-il rapporté.
De nombreux établissements scolaires de la ville ont été totalement détruits et un grand nombre d’élèves ne vont plus à l’école. « Il y a de moins en moins d’élèves dans nos classes parce que les parents ne pensent plus que leurs enfants seront en sécurité », a-t-il ajouté.
Selon un activiste de la société civile locale, le système éducatif s’est « quasi effondré » dans la capitale.
« Pour une raison étrange, ils semblent avoir plaisir à prendre les écoles pour cible », a-t-il dit, ajoutant que cette tendance avait forcé bon nombre d’éducateurs à fermer leurs écoles et à renvoyer leurs élèves chez eux. « Au cours des deux dernières années, au moins une vingtaine d’écoles ont été soit détruites soit fermées en raison de l’insécurité ».
M. Roble a accusé les forces du gouvernement d’avoir attaqué deux écoles la semaine dernière : l’école Imam Shaafi et l’école SYL. « Cinq élèves et deux enseignants ont été blessés au cours de ces attaques », a-t-il rapporté.
« Ces attaques menacent gravement un secteur éducatif déjà fragile », a estimé l’activiste de la société civile. « Un grand nombre de gens dans le secteur de l’éducation travaillent dur depuis 18 ans pour remettre sur pied ce secteur, mais leurs efforts sont compromis par l’instabilité ».
Abdi Haji Gobdon, porte-parole du gouvernement, a expliqué à IRIN que le gouvernement ne tolérait pas que des individus « pénètrent [dans les établissements scolaires] ou [les] attaquent ».
« Le gouvernement est très préoccupé par ces incidents et fera tout ce qui est en son pouvoir pour en sanctionner sévèrement les auteurs », a-t-il expliqué.
Après l’effondrement du gouvernement central de la Somalie en 1991, les écoles et les universités ont été détruites par des milices, qui ont ravagé la ville. Mais des écoles privées ont progressivement réapparu ces dernières années.
« Nous n’avons pas eu d’attaques de ce genre dans les écoles depuis 18 ans », a expliqué M. Roble.
Les organisateurs de la grève des enseignants ont déclaré vouloir montrer au public et au gouvernement que « ces attentats ciblés devaient cesser ». Ils ont appelé le gouvernement à sanctionner leurs auteurs et l’opposition à cesser de mener des attaques sur les positions du gouvernement situées près des écoles.
M. Roble a également exhorté la communauté internationale à soutenir son association « et à [lui] apporter un soutien à la fois moral et matériel en cette période critique ».
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