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Jeter la nourriture, c’est gaspiller l’eau

Pour satisfaire une demande croissante en vivres, dans 40 ans, le monde aura besoin d’assez d’eau pour remplir au moins trois lacs de la taille du lac Victoria, la plus grande étendue d’eau d’Afrique avec 2 750 kilomètres cubes d'eau, selon les estimations d’un rapport stratégique publié dernièrement.

Dans Saving Water: From Field to Fork – Curbing Losses and Wastage in the Food Chain [Economiser l’eau : du champ à la fourchette – limiter les pertes et le gaspillage le long de la chaîne alimentaire], un document stratégique publié par le Stockholm International Water Institute (SIWI), l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l’International Water Management Institute (IWMI), la demande prévue en vivres et en céréales risque de doubler d’ici à 2050, et le monde aura alors besoin de 10 000 à 13 500 kilomètres cubes d’eau par an pour satisfaire les besoins de la production.

La production vivrière demande en effet d’énormes quantités d’eau : chaque année, depuis le début de ce siècle, environ 7 000 kilomètres cubes d’eau ont été rejetés dans l’atmosphère par évaporation ou transpiration dans le cadre de la production de vivres destinés à couvrir la demande alimentaire mondiale, peut-on lire dans le document.

Entre le champ de l’agriculteur et la fourchette du consommateur, près de la moitié de la nourriture qui arrive sur nos tables est perdue dans les entrepôts, en cours de transport, pendant la transformation alimentaire, chez les distributeurs et dans nos cuisines, indique le document, d’après lequel « cette perte de nourriture équivaut à une perte d’eau ».

Selon les denrées, environ 15 à 35 pour cent des vivres peuvent être perdus dans le champ de l’agriculteur, d’après le document. « Dix à 15 pour cent supplémentaires sont jetés pendant la transformation [alimentaire], le transport et le stockage. Dans les pays riches, la production est plus efficace, mais le gaspillage est plus important : les populations jettent les aliments qu’elles achètent, et par là même, toutes les ressources utilisées pour faire pousser, expédier et produire ces aliments ».

On produit largement assez de vivres pour nourrir une population mondiale saine, selon Jan Lundqvist du SIWI. « Aujourd’hui, du fait de la crise alimentaire mondiale, c’est l’amélioration de la production alimentaire qui est désormais d’actualité, mais personne ne s’intéresse aux pertes et au gaspillage qui ont lieu à l’heure actuelle », a-t-il dit à IRIN.

« La répartition alimentaire et l’accès aux vivres sont problématiques, tandis qu’en même temps, bon nombre de gens mangent trop dans de nombreuses régions du monde », a ajouté M. Lundqvist.

Plus de viande

Les taux de croissance ont augmenté dans les pays populeux d’Asie, tels que la Chine et l’Inde, et dans certains pays d’Afrique, et « les populations ont davantage d’argent et leurs régimes alimentaires se composent de viande et de lait », a fait remarquer M. Lundqvist.

Cela signifie qu’il faut produire davantage de céréales pour nourrir un bétail plus important, et donc, qu’il faut plus d’eau. Les projections en matière de demande céréalière se situent entre 2 800 et 3 200 millions de tonnes d’ici à 2050, soit une augmentation de 55 à 80 pour cent par rapport à la demande actuelle, selon le rapport, qui cite plusieurs études.

« Une bonne partie de cette demande supplémentaire sera consacrée à l’alimentation des bêtes pour satisfaire la demande en viande. Aujourd’hui, quelque 650 millions de tonnes de céréales (près de 40 pour cent de la production mondiale) sont consacrées à l’alimentation du bétail, et il faudra peut-être y consacrer 1 100 millions de tonnes d’ici à l’an 2050 ».

La production de viande et de produits laitiers nécessite davantage d’eau que la production vivrière. « Par exemple, 500 à 4 000 litres d’eau s’évaporent pendant la production d’un kilogramme de blé, en fonction du climat, des pratiques agricoles, de la variété, de la durée de la période de croissance et du rendement », pouvait-on lire dans le rapport.

« Pour produire un kilogramme de viande, en revanche, il faut 5 000 à 20 000 litres, essentiellement consacrés à la production du fourrage. En termes de valeur énergétique, il faut environ 0,5 mètre cube d’eau pour produire 1 000 calories d’aliments à base de plantes, contre environ quatre mètres cubes d’eau pour les aliments à base de produits d’origine animale ».

Mesures à prendre

L’augmentation des températures mondiales, conséquence des changements climatiques, devrait se répercuter sur la disponibilité de l’eau.

Divers scénarios imaginés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) portent à croire que l’évolution du climat touchera entre 75 millions et 250 millions de personnes en Afrique, où la production par culture sèche risque de diminuer de pas moins de 50 pour cent, dans certaines régions, d’ici à l’an 2020.

« Dans les pays d’Asie centrale, du Sud et du Sud-est, qui dépendent dans une bonne mesure de l’eau des fleuves pour l’irrigation [de leurs champs], l’agriculture sera touchée par la chute prévue du niveau des cours d’eau. Environ 1,4 milliard de personnes vivent déjà dans des régions où il n’y a pas assez d’eau pour couvrir tous les besoins des différents secteurs de la société, et encore moins les besoins des écosystèmes aquatiques », selon le dossier stratégique.

Les gouvernements doivent aider les agriculteurs, surtout les petits exploitants, à limiter les pertes d’eau et de vivres en utilisant des semences améliorées, en ayant recours aux technologies de récolte, et à de meilleures méthodes de transport et de stockage, selon M. Lundqvist.

Une bonne partie des précipitations est notamment perdue en Afrique et en Asie, a-t-il ajouté.

« Les pays doivent imaginer des moyens novateurs de recueillir et d’exploiter avantageusement la pluie qui tombe dans les champs des fermiers pour faire en sorte qu’une plus grande quantité de précipitations puisse être exploitée de manière productive, et qu’une pression moindre soit exercée sur les cours d’eau et les nappes phréatiques ».

jk/he/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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