1. Accueil
  2. East Africa
  3. Uganda
  • News

Les couples mariés retrouvent une vie sexuelle saine grâce aux ARV

Fatouma et Hamidou Kamougisha se sont rencontrés il y a 12 ans, alors qu’ils travaillaient tous deux dans l’hôtellerie, à Mwanza, une ville située sur les rives du lac Victoria, en Tanzanie ; entre eux, ce fut le coup de foudre. Ils sont sortis ensemble, se sont mariés puis sont retournés en Ouganda, pays d’origine de Hamidou, où ils ont eu quatre enfants.

Près de 10 ans plus tard, néanmoins, Hamidou est tombé gravement malade et a été déclaré séropositif. Fatouma, en revanche, a été déclarée séronégative. « Nous avions une vie sexuelle très saine avant que je ne contracte la tuberculose », a déclaré Hamidou à IRIN/PlusNews, alors qu’il se trouvait dans le minuscule une-pièce où il vit avec sa femme et ses enfants, dans le bidonville de Giza Giza, à Kampala, capitale de l’Ouganda. « D’ailleurs, à peine trois jours avant que je tombe malade de la tuberculose et que je ne sois hospitalisé, nous avions fait l’amour ».

Lorsque Hamidou est tombé malade, pourtant, les choses ont changé. « J’ai commencé à prendre les médicaments contre la tuberculose et je peux vous dire que pendant mes huit mois de traitement, j’étais trop souffrant pour faire quoi que ce soit avec ma femme. J’étais tout simplement trop faible », a-t-il confié.

En mai 2005, trois mois après que Hamidou eut terminé son traitement contre la tuberculose, les médecins lui ont prescrit un traitement antirétroviral (ARV), susceptible de prolonger son espérance de vie.

« Le changement a été considérable. Je tombe malade moins souvent et hormis mon manque d’appétit et les infections des voies respiratoires que je contracte de temps à autre, ma santé est aussi bonne que celle de n’importe qui », s’est-il réjoui. « J’ai aussi arrêté de fumer, ce qui, je pense, a permis d’améliorer ma santé ».

Et bien que Hamidou ait eu du mal à s’habituer aux préservatifs, la vie sexuelle du couple a connu une évolution positive lorsqu’il a retrouvé ses forces. « Aujourd’hui, nous utilisons des préservatifs à chaque fois et notre vie sexuelle est redevenue ce qu’elle était avant que [Hamidou] ne tombe malade », a expliqué Fatouma.

« Aujourd’hui, nous utilisons des préservatifs à chaque fois et notre vie sexuelle est redevenue ce qu’elle était avant qu'il ne tombe malade »
Une libido saine

« Il a été démontré à maintes reprises que lorsque les patients commencent leurs traitements ARV, cela stimule leur libido », a indiqué le docteur Charles Namisi, coordinateur médical de Reach Out Mbuya, une organisation non-gouvernementale (ONG) qui offre un conseil psychosocial, un soutien aux moyens de subsistance et des compléments nutritionnels à plus de 2 800 patients touchés par le VIH/SIDA, dont plus d’une centaine de couples sérodiscordants (composés d’un partenaire séropositif et d’un partenaire séronégatif).

« Il y a le fait qu’ils vont vivre plus longtemps et sont en meilleure santé, et aussi l’effet "deuxième chance", qui les dynamise en leur donnant un second souffle », a-t-il poursuivi.

« Lorsque la personne séropositive découvre son statut sérologique et reçoit un traitement, l’amour revient, souvent plus fort qu’avant », a expliqué Fredrick Katumba, conseiller psychosocial principal à Reach Out Mbuya. Pour que les couples touchés par le VIH restent unis, a-t-il souligné, il est essentiel qu’ils aient recours à la fois aux ARV et à un suivi psychosocial.

Une étude des comportements sexuels et des risques de transmission du VIH, menée sur trois ans, auprès de patients sous ARV dans les régions rurales d’Ouganda, a été publiée à l’occasion de la 15e conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes, qui s’est tenue à Boston en février ; selon les conclusions de cette étude, les ARV stimulent la vie sexuelle de manière significative sans pour autant que les patients ne deviennent plus susceptibles d’avoir des rapports sexuels à risque.

D’après la même étude, les patients sous ARV voient leur activité sexuelle augmenter ; leur qualité de vie est également meilleure et ils sont moins susceptibles de souffrir de dépression.

« Lorsque nous avons envisagé pour la première fois que je pouvais être atteint du VIH, mon épouse a hésité à me le dire parce que j’avais déjà dit que je me tuerais si j’étais séropositif », a expliqué Hamidou. « Mais maintenant que je suis en bonne santé, je travaille comme ouvrier du bâtiment et je réussis à subvenir aux besoins de ma famille, alors je ne pense plus à ces choses-là ».

Grâce au suivi psychosocial et à des séances de thérapie de groupe régulières au club des couples sérodiscordants de Reach Out Mbuya, Fatouma et Hamidou ont pu surmonter les dissensions qui ont mis leur couple en péril après l’annonce du diagnostique de Hamidou.

« On a eu beaucoup de malentendus avant de voir le conseiller », a expliqué Fatouma. « Il refusait d’utiliser des préservatifs, il disait que ça ne lui donnait aucun plaisir et qu’il préférait qu’on vive comme des frères et sœurs. Ce n’est que lorsque je l’ai menacé d’aller voir ailleurs qu’il a accepté d’en utiliser ».

« Aujourd’hui, on se comprend mieux et on arrive à mieux communiquer ; maintenant que nous nous disputons moins, même nos enfants sont plus heureux », a-t-elle confié.
 
Réduction des risques

À Reach Out Mbuya, pendant les séances de thérapie de couple pour personnes touchées par le VIH, l’accent est mis sur l’usage correct et systématique du préservatif. Compte tenu des liens qu’entretient Reach Out Mbuya avec l’Eglise catholique romaine, qui désapprouve l’usage des préservatifs, le personnel de l’organisation ne forme pas les couples à leur utilisation, mais les renvoie vers des organisations partenaires qui s’en chargent.

Selon Fatouma et Hamidou – qui ont vu leur préservatif se percer au cours d’un rapport sexuel et ont enduré plusieurs mois d’angoisse, en attendant les résultats du dépistage de Fatouma – la sensibilisation au bon usage du préservatif est cruciale.
 
« Nous leur expliquons bien qu’ils peuvent avoir une vie sexuelle normale, mais uniquement s’ils prennent leurs médicaments régulièrement et utilisent un préservatif à chaque rapport. Cela doit devenir une habitude », a souligné M. Katumba de Reach Out Mbuya, ajoutant qu’il était possible pour les couples sérodiscordants d’avoir des enfants, bien qu’un faible risque de transmission subsiste.

La majorité des habitants des bidonvilles sont trop pauvres pour avoir recours à l’insémination artificielle ou à d’autres méthodes de conception sans risque, c’est pourquoi il est recommandé aux patients de tenter de concevoir leur enfant quand leurs charges virales sont indétectables et leurs taux de CD4 [qui permettent de mesurer la résistance du système immunitaire] sont élevés. S’ils y parviennent, il leur est en outre conseillé de s’inscrire à un programme de prévention de la transmission de la mère à l’enfant.

« Le risque de transmission au partenaire ou à l’enfant est toujours là, mais nous nous assurons qu’ils aient toutes les informations, afin qu’ils puissent prendre une décision éclairée ; notre travail n’est pas de leur dire s’ils devraient ou non faire des enfants », a fait remarquer M. Katumba.

L’organisation déconseille aux patients d’abuser de l’alcool, un des principaux facteurs déclencheurs de comportements sexuels à risque, et souligne à quel point il est important d’adhérer au traitement ARV et de suivre un régime alimentaire sain.

« Nous voulons que les patients restent en bonne santé et continuent de prendre la vie du bon côté, mais nous devons aussi nous assurer qu’ils font attention à ne pas transmettre la maladie à d’autres », a noté M. Katumba.

kr/ks/go/nh/ads


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join