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Des consommateurs de drogues en danger face au VIH/SIDA

Lors d’une conférence réunissant des groupes communautaires travaillant sur la prévention du VIH/SIDA chez les consommateurs de drogues, à Bangkok, la capitale thaïlandaise, les spécialistes de la santé publique ont prévenu les gouvernements asiatiques que les abus et les actes de persécution perpétrés par les forces de police sapaient les initiatives de réduction des risques et dissuadaient les consommateurs de drogues d’accéder aux services de santé vitaux.

De nombreux éléments de la police locale continuent de considérer les consommateurs de drogues comme des « maux de la société » qui méritent de violentes punitions, a expliqué le spécialiste en santé publique Daniel Wolfe, directeur adjoint du Programme international de réduction des risques de l'Open Society Institute.

Les abus commis par la police « dissuadent les consommateurs de drogues de se rendre dans les centres de soins vitaux et alimentent ainsi la propagation du virus », a-t-il souligné. « Aucune mesure de prévention du VIH ne peut être efficace si les individus ont peur d’y recourir. Il ne faut pas beaucoup de temps avant qu’une personne ne se fasse arrêter devant une clinique. En conséquence, les consommateurs de drogues ne veulent plus s’y rendre ».

Tous les pays de l’Asie du Sud-est se sont engagés à éradiquer la consommation de la drogue d’ici 2015. En outre, les gouvernements asiatiques sont de plus en plus nombreux à proposer des traitements à la méthadone et des programmes d’échange de seringues afin de lutter contre la transmission du virus chez les consommateurs de drogues injectables, qui sont fortement exposés au virus lorsqu’ils échangent leurs seringues.

Cependant, dans de nombreux pays, des rafles massives de consommateurs de drogues et autres groupes marginalisés continuent à être organisées avant les fêtes nationales ou les grands événements publics. S’exprimant en marge de la conférence de Bangkok, M. Wolfe a rappelé que les responsables sanitaires régionaux et la force publique travaillaient souvent à contre-courant.

« Il y a un écart entre ce que les ministères de la Santé prévoient et ce que la force publique fait. Vous avez d’un côté des individus qui conçoivent des programmes de lutte contre le sida efficaces qui s’adressent aux consommateurs de drogues injectables et de l’autre, des gens qui sapent ces programmes », a-t-il noté.

« Tant que ces personnes ne travailleront pas main dans la main, les infections à VIH augmenteront, des malades n’auront pas accès aux traitements et des patients perdront la vie », a-t-il averti.

Une partie de cette apparente « schizophrénie » provient d’un manque de cohérence au plus haut niveau des décisions politiques, mais même lorsque les politiques en matière de législation sont en adéquation avec les programmes de réduction des risques, les policiers dans les rues des villes asiatiques ne prêtent pas toujours beaucoup d’attention à ces programmes.

« Il existe un écart entre les objectifs de la force publique et les besoins sanitaires », a estimé Daniel Wolfe.

Des incohérences

Par exemple, le régime communiste du Vietnam s’est engagé à soutenir les programmes de réduction des risques dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre le sida, et a autorisé la mise en place de programmes d’échange de seringues dans diverses régions abritant des groupes relativement importants de consommateurs de drogues injectables.

'' Vous avez d’un côté des individus qui conçoivent des programmes de lutte contre le sida efficaces qui s’adressent aux consommateurs de drogues injectables et de l’autre, des gens qui sapent ces programmes. Tant que ces personnes ne travailleront pas main dans la main, les infections à VIH augmenteront, des malades n’auront pas accès aux traitements et des patients perdront la vie. ''
Toutefois, de nombreux consommateurs de drogues vietnamiens répugnent toujours à recourir à ces services, car une personne qui porte une seringue est passible de peines d’arrestation et d’emprisonnement.

Bien que le Vietnam prévoie de lancer prochainement son premier programme de traitement à la méthadone, les « centres de traitement forcé » accueillent plus de 50 000 personnes qui sont contraintes à un dur labeur, à des exercices de type militaire et doivent scander des slogans.

La Chine a vu ses programmes de réduction des risques prendre rapidement de l’ampleur. En effet, quelque 30 000 Chinois suivent actuellement un traitement à la méthadone, alors que leur nombre était littéralement nul il y a trois ans.

Mais en même temps, a souligné Daniel Wolfe, on estime à 100 000 le nombre de Chinois placés de force dans des centres de désintoxication pour une période pouvant aller jusqu’à un an.

Le gouvernement indonésien, quant à lui, a ouvert cinq cliniques publiques à Jakarta qui distribuent de la méthadone dans le cadre d’une stratégie globale visant à promouvoir la réduction des risques. En outre, les forces de police et la Commission nationale de lutte contre le sida ont signé un protocole d’entente en 2002 en vue d’une coopération.

Toutefois, lors de la conférence, Aditya Anurag Putra, chercheur en droits de l’homme auprès de Indonesian Drug Users Network (Réseau indonésien des consommateurs de drogues), a déploré les extorsions et les harcèlements commis par la police à l’encontre des consommateurs de drogues, à l’extérieur des centres de dépistage du VIH et des cliniques de méthadone.

« Nous avons beaucoup de difficultés à inciter les consommateurs de drogues à [utiliser] les services en Indonésie », a-t-il dit. « Compte tenu de la situation, les consommateurs de drogues ne sont pas encouragés à accéder au traitement. »

Selon M. Wolfe, une augmentation des salaires des policiers permettrait d’aider à mettre un terme aux extorsions d’argent galopantes de la part des forces de police, qui perçoivent de faibles salaires à travers l’Asie. Ces extorsions dissuadent fortement les consommateurs de drogues d’accéder aux services de traitement.

« Le salaire des policiers est extrêmement bas et les forces de police se servent des consommateurs de drogues comme source de revenus supplémentaires. En effet, elles leur disent ‘vous me donnez de l’argent ou je vous envoie dans un centre de traitement forcé ou en prison pendant un bout de temps’ », a-t-il conclu.

ak/kn/he/cd/ail

Lire également en anglais : INDONESIA: Injecting more than drugs


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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