L’accès aux soins de santé des civils et personnes déplacées dans et autour de Mogadiscio, la capitale, s’est considérablement détérioré au cours des derniers mois, a révélé l’organisation médicale humanitaire Médecins sans frontières (MSF).
« Avec les fusillades et les bombardements quasi-quotidiens, les personnes ayant besoin de soins médicaux sont terrorisées à l’idée de quitter leur domicile, et comme le personnel médical a fuit la ville, les hôpitaux sont fermés ou fonctionnent à peine », a déploré Christophe Fournier, président du Conseil international de MSF, lors d’une conférence de presse tenue le 20 août à Nairobi, la capitale kenyane.
« La population n’est pas soignée pour les ennuis de santé les plus courants, encore moins pour les cas urgents. Le non-respect du droit des médecins à travailler, des malades et des blessés à se faire soigner est choquant et tout simplement inacceptable », a-t-il ajouté.
Selon certains agents de santé, plusieurs patients hospitalisés ont été enlevés par des hommes armés.
« C’est bien la première fois, en 16 années de guerre, que des véhicules blindés entrent dans l’enceinte d’un hôpital », a confié un médecin sous le couvert de l’anonymat.
A trois occasions, a-t-il ajouté, des soldats des forces gouvernementales ont enlevé des patients hospitalisés dans les hôpitaux de Madina, de Shifo (sud de Mogadiscio) et de Keysaney (nord de Mogadiscio).
« Non seulement ils ont enlevé les patients hospitalisés, mais ils ont aussi arrêté les parents présents lors de leur intervention. Nous ne savons pas où ils ont été emmenés ni ce qui leur est arrivé », a-t-il déploré.
Selon Abdi Haji Gobdon, le porte-parole du gouvernement, il n’y a eu qu’un seul enlèvement de patient impliquant les forces de sécurité.
« Il s’agissait d’un incident regrettable qui ne s’est jamais reproduit », a regretté M. Gobdon. Le gouvernement, a-t-il ajouté, a pris l’engagement d’adhérer aux conventions internationales et de respecter le caractère sacré des hôpitaux.
Selon les estimations de MSF, sur les 800 lits d’hôpital disponibles en janvier, moins de 250 sont encore utilisables, et dans plusieurs hôpitaux, la majorité du personnel médical est partie.
Depuis le mois de janvier, MSF a soigné près de 60 000 personnes dans ses structures de consultations externes implantées dans la ville et ses environs, mais l’insécurité empêche l’organisation d’étendre ses services.
« Nous devrions pouvoir ouvrir des services d’urgence et de soins chirurgicaux dans Mogadiscio, envoyer des ambulances pour aller chercher les malades et les blessés et les ramener afin qu’ils se fassent soigner », a dit M. Fournier.
« Mais après plusieurs mois de tentatives, nous ne pouvons toujours pas nous déplacer librement dans la ville pour évaluer les besoins et offrir les soins indispensables aux populations. Nous souhaitons faire plus, tout comme les médecins somaliens restés dans la ville, mais nous sommes de plus en plus indignés du peu d’efforts fait par toutes les parties au conflit pour assurer un accès sûr aux soins médicaux à Mogadiscio », a-t-il ajouté.
« Nous souhaitons faire plus, tout comme les médecins somaliens restés dans la ville, mais nous sommes de plus en plus indignés du peu d’efforts fait par toutes les parties au conflit pour assurer un accès sûr aux soins médicaux ». |
Une rapide évaluation sanitaire menée en juin dans le camp de Hawa Abdi IDP, à 17 kilomètres de Mogadiscio, a révélé un taux de malnutrition globale de 21,5 pour cent chez les enfants de moins de cinq ans, et un taux de malnutrition aiguë sévère de 3 pour cent – ce qui correspond au taux d’urgence selon les standards de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
« Nous sommes particulièrement inquiets des taux élevés de malnutrition et de la tendance à la détérioration du statut nutritionnel des enfants dans les familles », a expliqué M. Fournier. « Sans une augmentation considérable de l’assistance humanitaire et de l’accès aux soins de santé, la situation sanitaire va se détériorer encore plus. Des dispositions immédiates doivent être prises pour que les enfants, les malades et les blessés ne souffrent pas ou ne meurent pas parce qu’ils ne peuvent recevoir des soins médicaux ».
Entre temps, la violence a une fois de plus frappé la capitale somalienne les 18 et 19 août lorsque des dizaines d’explosions ont été entendues dans des quartiers sous contrôle des forces gouvernementales, a indiqué une source locale.
« La population est presque habituée à ces situations. Elles sont devenues un élément de la vie quotidienne à Mogadiscio ».
Parmi les victimes des récentes explosions figure Moalim Haaruun Moalim Yusuf, un éminent chef du clan Haiwye, assassiné le 18 août devant son domicile, a précisé la source
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