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Assassinat de journalistes - une inquiétante spirale de violation des droits humains

Plusieurs groupes de défense de la liberté de la presse ont condamné l’assassinat « odieux » de deux éminents journalistes somaliens, affirmant que ces meurtres reflètent les conditions de travail périlleuses des journalistes et constituent une menace pour l’exercice d’une presse indépendante dans un pays déchiré par la guerre.

Ali Iman Sharmarke, directeur de HornAfrik Radio, a été tué le 11 août lorsque son véhicule a sauté sur une bombe télécommandée, alors qu’il revenait des funérailles de Mahad Ahmed Elmi, directeur de la Radio Capital Voice, abattu par des inconnus dans la matinée, à Mogadiscio, la capitale.

Sahal Abdulle, un journaliste de l’agence de presse Reuters qui se trouvait à bord du véhicule de M. Sharmarke, a été blessé.

Six journalistes ont été tués en Somalie depuis le début de l’année, selon le Syndicat national des journalistes somaliens - National Union of Somali Journalists, en anglais - (NUSOJ).

« Cette vague d’assassinats et d’agressions physiques contre les journalistes est une opération menée délibérément pour les réduire au silence en Somalie », a déclaré Omar Faruk Osman, secrétaire général du NUSOJ.

« Les violents événements des derniers jours prouvent que la liberté d’expression reste fragile en Somalie. Il incombe au Gouvernement fédéral de transition de mener des enquêtes rapides et impartiales et de mettre fin à toute forme de harcèlement de la presse », a déclaré Eric Laroche, le représentant résident et coordinateur humanitaire des Nations Unies en Somalie.

« En outre, le projet de loi sur la presse doit garantir la protection totale de la liberté de l’information et de la presse, comme stipulé à l’article 20 de la Charte du gouvernement fédéral de transition ».

« Cette vague d’assassinats et d’agressions physiques contre les journalistes est une opération menée délibérément pour les réduire au silence en Somalie »
La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a également fait part de sa consternation face à ces assassinats : « Ces assassinats odieux ne font que refléter les conditions périlleuses dans lesquelles les journalistes exercent leur profession en Somalie, où le chaos politique et l’absence de loi menacent toute la presse indépendante », s’est indigné Aidan White, secrétaire général de la FIJ.

« Il est temps que la Communauté internationale se penche à nouveau sur la crise somalienne », a-t-il ajouté. « Tant que les journalistes seront pris pour cibles, la violence n’épargnera personne ».

Quant à l’organisation Journalistes sans frontières, elle a exhorté le gouvernement somalien à mener une enquête approfondie pour punir les auteurs de ces crimes.

Le 12 août, les autorités somaliennes avaient annoncé l’arrestation de deux personnes, en relation avec les récents événements, et avaient accusé l’insurrection armée d’être à l’origine de ces meurtres.

Lors d’incidents similaires, l’organisation Human Rights Watch (HRW) avait également affirmé que l’armée éthiopienne, qui soutient le gouvernement fédéral de transition, et les insurgés, étaient responsables « de fréquentes violations des droits humains dans le pays ».

L’organisation américaine de défense des droits humains a exhorté le Conseil de sécurité des Nations Unies à inclure un mandat fort pour la protection de la population civile, lors de ses délibérations sur l’envoi d’une mission de maintien de la paix en Somalie.

« Les parties en guerre ont toutes fait preuve d’indifférence criminelle à l’égard du bien-être de la population civile de Mogadiscio », a expliqué Ken Roth, directeur exécutif de HRW, dans un rapport intitulé « Shell-Shocked: Civilians Under Siege in Mogadishu » (Traumatisés par les bombes : les civils assiégés à Mogadiscio), publié le 13 août.

Tirs de mortier aveugles sur des zones civiles ; déploiement de forces dans les quartiers très peuplés ; assassinats ciblés de fonctionnaires du gouvernement de transition somalien ; exécutions sommaires et la mutilation des corps de combattants capturés : ce sont là quelques cas de violences commises par les insurgés.

Quant à l’armée éthiopienne, elle a également bombardé sans discernement les zones fortement peuplées de Mogadiscio avec des tirs de roquettes, de mortiers et d’artillerie. A plusieurs occasions, elle a visé particulièrement des hôpitaux et a pillé les équipements médicaux, tellement nécessaires », a expliqué HRW.

L’organisation a également fait état de cas où les forces éthiopiennes ont délibérément tiré sur des civils et les ont sommairement exécutés.

« Les parties en guerre ont toutes fait preuve d’indifférence criminelle à l’égard du bien-être de la population civile de Mogadiscio »
Les forces du gouvernement somalien de transition ont joué un second rôle par rapport à l’armée éthiopienne, mais elles n’ont pas averti les populations civiles vivant dans les zones de combat. Elles se sont livrées à des pillages, ont entravé la livraison de l’aide humanitaire destinée aux populations déplacées, et ont maltraité des dizaines de personnes arrêtées en masse.

« Les insurgés ont exposé les civils à de graves dangers en se mêlant à eux », a affirmé M. Roth. « Mais cela ne justifie ni les bombardements ni les tirs de roquettes calculés contre des quartiers entiers ».

Jn/sr/ads


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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