Les habitants de Mogadiscio, qui étaient rentrés chez eux après avoir fui pour échapper aux affrontements récents entre forces gouvernementales et insurgés, quittent de nouveau la capitale somalienne, tandis que les flambées de violence se poursuivent, selon plusieurs sources locales.
« Les déplacés étaient de plus en plus nombreux à revenir au camp ces 30 derniers jours », a expliqué Hawa Abdi, un médecin, dont le complexe de 26 hectares, situé 20 kilomètres au sud de Mogadiscio, abrite des milliers de personnes déplacées.
« En mai, le complexe servait de refuge à quelque 12 000 personnes ; aujourd’hui, ce chiffre a doublé », a-t-elle expliqué à IRIN le 4 juillet. « La propriété voisine à la mienne est en train d’être transformée en camp de déplacés, et au moment où je vous parle, je vois une nouvelle famille en train de construire un abri temporaire ».
En mai, « les gens retournaient à Mogadiscio, mais en juin, on a [au contraire] vu les populations retourner au camp », a-t-elle ajouté, précisant qu’environ 1 000 familles seraient retournées dans cette zone au cours du seul mois de juin.
Malgré les violences, au moins 123 000 des 400 000 personnes qui avaient fui Mogadiscio entre février et juin sont retournées dans leur ville, selon les estimations des Nations Unies. Un grand nombre d’entre elles sont originaires de régions situées près de Mogadiscio, notamment du Bas et du Moyen Shabelle.
Selon certains témoignages, les flambées de violence qui éclatent chaque jour à Mogadiscio et dans d’autres régions seraient si graves qu’elles risquent même de menacer la conférence de réconciliation nationale prévue pour la mi-juillet.
Pourtant, le 3 juillet, depuis Accra, la capitale ghanéenne, où se tenait le sommet de l’Union africaine, le Premier ministre somalien Ali Mohamed Gedi a dédramatisé la situation.
« J’ai bon espoir que les forces de sécurité seront en mesure d’assurer la sécurité dans la capitale en vue de la conférence de réconciliation », a-t-il confié à Reuters.
Des violences permanentes
Selon certains travailleurs humanitaires, du fait de l’insécurité et des violences, les populations ont du mal à survivre, les opérations humanitaires ont été restreintes et les prix des produits de base (transports, eau, produits alimentaires et non-alimentaires…) ont augmenté de 50 à 100 pour cent.
Selon un rapport de situation publié le 29 juin par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), malgré le couvre-feu imposé dans la ville, des attaques à la grenade, des attentats à la bombe et des assassinats continuent d’être perpétrés.
Selon OCHA, 16 explosions ont retenti au cours des deux premières nuits qui ont suivi la mise en place du couvre-feu, et le 26 juin, une bombe posée au bord d’une route, dans le marché de Bakara, a tué cinq femmes.
Le lendemain, deux soldats éthiopiens ont trouvé la mort dans l’explosion d’un convoi militaire, qui avait heurté une bombe posée au bord d’une route.
D’après les habitants locaux, de nombreuses personnes ont été piégées au beau milieu des hostilités quotidiennes.
«Lorsqu’il y a une explosion, les forces de sécurité réagissent en tirant sans discernement et en arrêtant les personnes qu’elles trouvent », a dit une source locale.
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