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Manque de donneurs et de moyens, obstacles au don de sang

Malgré une politique volontariste et un réseau de banques du sang assez important, le Sénégal continue à souffrir d’une pénurie de dons sanguins et de la précarité des conditions de prélèvement, de test –entre autres pour le VIH- et de transfusion.

La célébration de la journée mondiale du don du sang le 14 juin, au Centre national de transfusion sanguine (CNTS) de Dakar, la capitale sénégalaise, a marqué le coup d’envoi d’une campagne de 15 jours de sensibilisation et d’information pour tenter de palier le manque de sang chronique des hôpitaux du pays.

« 40 000 personnes donnent leur sang chaque année au Sénégal, alors que l’Organisation mondiale de la santé estime à 200 000 les dons nécessaires pour soigner correctement les malades du Sénégal » a déploré le professeur Saliou Diop, responsable du service de transfusion sanguine du CNTS.

Pourtant, le Sénégal est plutôt bon élève en matière de transfusion sanguine, puisqu’il a mis en place une politique nationale de don du sang en 1990 et dispose d’une infrastructure correcte, des atouts dont la majorité des pays d’Afrique de l’Ouest ne dispose pas, mais les résultats ne sont pas encore satisfaisants.

Sur les 14 banques du sang réparties dans tout le pays, le CNTS de Dakar est la seule qui fonctionne en majorité grâce à des donneurs volontaires.

« Plus de 90 pour cent de nos donneurs sont volontaires, c'est-à-dire qu’ils [sont considérés comme] des donneurs à faible risque », a expliqué M. Diop. « Le CNTS est la plus ancienne et la plus importante des banques de sang du Sénégal, les gens nous font confiance. A Dakar, les gens sont mieux éduqués et informés que dans le reste du pays ».

Mais en dehors de Dakar, faute de programme de don du sang bien organisé et fondé sur le bénévolat, les dons sont beaucoup plus rares et plus de 60 pour cent des donneurs sont dits familiaux selon M. Diop, ce qui ouvre la voie à de dons rémunérés, un système caché et dangereux, dans la mesure où certaines familles payent des tiers, sans connaître leur état de santé, pour donner leur sang.

Or « les centres ruraux pâtissent de grandes difficultés financières, beaucoup n’emploient pas de médecin à plein temps et ce sont les infirmiers qui assurent les examens médicaux de routine ainsi que les prélèvements », a-t-il dit.

La peur de se découvrir séropositif

Cyrille, étudiant en droit à Dakar, a donné son sang quatre fois cette année. Selon lui, les campagnes de promotion du don du sang sont suffisamment nombreuses pour que les habitants de la capitale soient informés sur l’importance de cet acte, mais il a estimé que le faible succès de ces opérations soulignait la nécessité de mener un travail de sensibilisation plus approfondi.

« Même les étudiants, qui sont bien informés parce que des comités d’étudiants organisent régulièrement des campagnes d’information, sont réticents à donner leur sang », a-t-il constaté. « Ce n’est pas dans les mœurs, la culture et la religion sont souvent des obstacles. Beaucoup ont aussi peur de se faire dépister [au VIH] et d’apprendre qu’ils sont malades ».

En 2006, environ 15 pour cent des poches de sang prélevées au Sénégal ont été jetées. L’infection la plus courante est l’hépatite B, qui est dépistée dans 12 pour cent des poches, l’hépatite C dans 0,4 pour cent, ainsi que la syphilis et le VIH, qui représentent chacun 0,3 pour cent des lots.

Au Sénégal, qui affiche un taux de prévalence du VIH de 0,7 pour cent, selon les autorités, la sélection du sang se fait uniquement par le test ELISA, a expliqué M. Diop.

Ce test est une technique dite immuno-enzymatique, qui permet de détecter l’infection au VIH mais nécessite un test de confirmation, pour exclure les cas de « fausse séropositivité ».

Dans plusieurs pays d’Europe, ce test est le plus souvent complété par d’autres tests pour le VIH et l’hépatite C, qui permettent d’obtenir des résultats plus pointus, mais au Sénégal, « nous n’avons pas les moyens d’utiliser les techniques plus perfectionnées », et donc plus coûteuses, a dit M. Diop.

La troisième étape de la collecte des dons de sang est « la séparation du sang entier en composantes [plasma, globules rouges et plaquettes] », a expliqué M. Diop.

« Elle permet d’exploiter le sang prélevé de manière optimale », a-t-il précisé. « Au Sénégal cette séparation est insuffisante. Nous ne séparons que 22 pour cent du sang alors qu’en France 99 pour cent du sang est séparé ».

La dernière étape est la transfusion du sang. Selon M.Diop, «le CNTS ne peut pas contrôler toutes les transfusions effectuées dans le pays, or cette dernière étape est très délicate et pose souvent des problèmes. Le sang doit être utilisé de façon appropriée pour éviter les gaspillages».

« Nous [les centres de transfusion sanguine] manquons de moyens », a conclu M. Diop. « Les bailleurs de fonds aident les pays où le taux de séroprévalence est élevé, ce qui n’est pas notre cas. Nous ne pouvons pas organiser autant de campagnes d’information et d’incitation qu’il le faudrait ».

mj/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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