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Réussir à distribuer des ARV en situation de conflit

Parvenir à proposer des traitements antirétroviraux (ARV) en temps de guerre est un défi de taille, mais l’organisation médicale internationale Médecins sans frontières (MSF) a décidé de le relever à Bukavu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

Dans un rapport intitulé ‘Proposer des traitements VIH en situation de conflit : résultats et expériences de Bukavu, République démocratique du Congo – DRC’, publié dans le journal médical Public Library of Science, MSF cherche à faire tomber le mythe selon lequel il est impossible de prodiguer des soins de santé généraux, et notamment de distribuer des traitements ARV, en situation de conflit.

« Alors que de récentes études montrent que les conflits peuvent protéger les populations du VIH/SIDA, nous savons également qu’ils font courir des risques aux individus – ces derniers étant exposés à la violence sexuelle et aux déplacements. En outre, il est également connu que de nombreuses zones de conflit, à l’instar de Bukavu, affichent déjà un taux de prévalence du VIH/SIDA élevé », a expliqué le docteur Daniel O'Brien, conseiller en matière de VIH/SIDA auprès de MSF et co-rédacteur du rapport.

« A nos yeux, les populations [de ces régions] ont autant besoin de traitements ARV que celles vivant dans des environnements calmes », a-t-il précisé.

Bukavu, la capitale provinciale du Sud-Kivu, dans l’est de la RDC, est le théâtre d’un conflit par intermittence, depuis 1996. La guerre a privé ses quelque 600 habitants des services élémentaires, tels que les soins de santé.

MSF a débuté son programme de traitement du VIH/SIDA en 2000, à Bukavu. En janvier 2006, 494 patients suivaient une thérapie antirétrovirale. Malgré la flambée de violence qu’a connue la région en 2004, au cours de laquelle une grande partie du personnel de MSF a dû être évacuée, seuls cinq patients sur 66 ont été contraints d’interrompre leur traitement ARV.

« En situation de conflit, les malades sont toujours confrontés au risque de devoir interrompre leur traitement, ce qui est particulièrement dangereux avec les ARV, car les personnes séropositives doivent prendre ces médicaments à vie et observer attentivement le traitement pour ne pas développer de résistances [aux médicaments] », a rappelé le docteur O’Brien.

Eviter les pénuries d'ARV

Pourtant, « il existe des mesures pour rendre un programme fiable et durable, même en période de grave conflit », a-t-il poursuivi. « On peut prendre des mesures pour limiter le risque de manquer de médicaments, et en cas de rupture de stocks dans les cliniques, on peut stopper le traitement des patients en toute sécurité, de sorte à ce que ces derniers développent le moins de résistances possible. »

Il a indiqué que dans la plupart des longs conflits, comme celui que connaît Bukavu, il était rare que la violence fasse rage de façon continue et que les guerres étaient ponctuées de longues périodes de stabilité et de sévères explosions de violence.

Selon MSF, pour parvenir à mener avec succès un programme de distribution d’ARV, il faut sensibiliser les patients à l’importance de l’observation du traitement, mettre en place des réseaux de communication efficaces, conserver des stocks de médicaments dans un lieu sûr, en cas d’urgence, posséder suffisamment de réserves de médicaments et collaborer avec les autres centres de traitement implantés dans la région.

« De toute évidence même en prenant toutes ces mesures, le risque d’interruption de traitement est toujours présent. Mais si l’on devait s’engager à ce qu’aucun traitement ne soit interrompu dans les pays en développement, on ne lancerait jamais de programme de distribution d’ARV », a-t-il souligné.

Lors des flambées de violence, la sécurité du personnel médical a toujours été une préoccupation, a-t-il rappelé.

Bien que MSF ait fait son possible pour protéger ses employés, la décision de poursuivre ou d’arrêter les opérations en situation de sévère conflit revient toujours à une seule personne.

MSF a également lancé des programmes de distribution d’ARV dans d’autres pays africains aux prises avec un conflit, dont l’Angola, le Burundi, la Côte d’Ivoire et le Liberia, et l’organisation a enregistré des résultats semblables à ceux de son programme mené à Bukavu.

Par exemple, en Angola et au Burundi, deux pays en situation post-conflit, l’organisation médicale s’apprête à confier la direction des programmes au gouvernement.

En outre, MSF prévoit de mener des projets en République centrafricaine, un Etat instable où une jeune volontaire de l’organisation a été tuée par balle début juin, et au Sri Lanka.

kr/he/cd/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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