Le conflit somalien a gravement perturbé les activités économiques, accru la concurrence, submergé des services sociaux, déjà débordés, et réduit la disponibilité alimentaire pour les communautés d’accueil et les populations déplacées, selon un réseau d’alerte précoce.
D’après les estimations de certains travailleurs humanitaires, quelque 400 000 personnes auraient fui Mogadiscio, la capitale, depuis février pour chercher refuge dans d’autres régions du pays. En conséquence, dans beaucoup de nombreuses communautés d’accueil, le nombre de personnes a plus que doublé.
« Le conflit et le déplacement [des populations] ont gravement perturbé les activités économiques, ce qui affecte notamment les foyers urbains défavorisés qui dépendent du petit commerce et du travail occasionnel, leurs principales sources de revenu », a expliqué le Réseau du système d'alerte précoce contre la famine (FEWS Net) dans un rapport conjoint avec l’Unité d’analyse de la sécurité alimentaire de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.
« Hors de Mogadiscio, les services sociaux sont déjà surchargés, les marchés ne suffisent pas à nourrir les communautés d’accueil, les possibilités de logement et les offres d’emploi sont trop peu nombreuses. Et l’afflux de PDIP [personnes déplacées à l’intérieur de leur pays] a encore augmenté la concurrence », a-t-il poursuivi.
Selon FEWS Net, 38 pour cent des déplacés de Mogadiscio se sont installés dans la région de Shabelle, 38 pour cent à Mudug et à Galgadud et le reste à Hiran, Bay, Gedo, Juba, Bakool et dans les régions du nord. 3 500 autres déplacés se trouvent dans la ville de Doble, près de la frontière kenyane fermée.
Flambée des prix à la consommation
A Mogadiscio, entre 30 et 40 pour cent de la population, en particulier les foyers défavorisés et les anciens PDIP, se serait déplacée à l’intérieur de la ville.
« La concurrence accrue réduit surtout l’accès aux denrées alimentaires dans le sud, où les populations rurales se remettent encore d’un conflit et des sécheresses et inondations successives qui ont bouleversé la région », a indiqué le rapport. Les prix à la consommation ont grimpé en flèche tandis que les flux commerciaux étaient restreints, et que l’offre augmentait substantiellement sur les marchés, au sein des communautés d’accueil établies aux alentours de Mogadiscio.
Dans les régions de Shabelle et de Bay, les prix des produits importés ont augmenté de 20 à 70 pour cent entre mars et avril, et les prix du maïs produit dans le pays ont gonflé de 50 à 120 pour cent depuis le mois de janvier.
« La perte de revenus et la flambée des prix ont provoqué une réduction considérable de l’accès des ménages, des PDIP et des communautés d’accueil pauvres aux denrées alimentaires », a révélé FEWS Net dans son rapport. « Ces ménages sont à la limite de leur capacité ».
La Somalie, qui est sans gouvernement effectif depuis une quinzaine d’années, a été le théâtre de violents affrontements entre les insurgés et les soldats du gouvernement, soutenus par l’Ethiopie, depuis le mois de février. Ces affrontements ont entravé la distribution de l’aide humanitaire aux populations dans le besoin.
Action internationale contre la piraterie
Dimanche, le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a lancé un appel pour une action internationale de haut niveau contre la piraterie maritime dans les eaux somaliennes, et prévenu que l’acheminement de l’aide alimentaire dans le pays était gravement menacé.
Cet appel est survenu après qu’un agent de sécurité somalien ait été tué par des pirates sur un bateau du PAM qui venait de livrer des denrées alimentaires dans le port de Merka.
« Nous exhortons les principaux pays à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour lutter contre ce fléau qu’est la piraterie, qui à l’heure actuelle met en péril notre capacité à nourrir un million de Somaliens », a déclaré Josette Sheeran, directrice exécutive du PAM, depuis le siège de l’agence, à Rome.
Malgré la persistance de graves problèmes opérationnels et sécuritaires, le PAM continue d’approvisionner en denrées alimentaires des milliers de Somaliens vulnérables, et a entamé vendredi dernier un nouveau cycle de distributions ciblant les 122 500 personnes qui ont fui Mogadiscio pour échapper aux affrontements.
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