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La déforestation atteint des niveaux alarmants

L’Ouganda pourrait perdre tout son couvert forestier dans les 50 années à venir si rien n’est fait pour mettre un frein au rythme effréné de la déforestation qui perturbe l’écosystème et expose le pays à d’autres risques écologiques, ont prévenu les analystes.

« L’abattage d’arbres dans la forêt se fait à grande échelle. En outre, les feux de brousse et les intenses activités pastorales empêchent la régénération de la forêt », a déploré Paul Drichi, directeur des services techniques de la NFA (National Forestry Authority).

« De nombreuses réserves forestières urbaines et périurbaines sont également menacées de déboisement au profit de projets industriels et de construction d’habitations », a-t-il ajouté.

Au début des années 90, l’Ouganda avait un couvert forestier d’environ 4,9 millions d’hectares. En 2005, il n’était plus que de 3,6 millions d’hectares, soit un taux de réduction annuelle de deux pour cent. Cette réduction est considérable si l’on se réfère aux normes internationales, a ajouté M. Drichi.

Selon de nombreux experts, le rythme de la déforestation pose déjà de graves problèmes écologiques dans certaines régions de l’Ouganda. Dans les régions froides et épargnées jusqu’ici par le paludisme, l’on a observé un réchauffement des températures qui offre des conditions propices à la propagation de la maladie.

« Dans les régions froides comme celle du sud-ouest de Kabale, la température remonte tous les 10 ans de 0,3 degré Celsius par rapport à la température minimale », a indiqué le météorologue Paul Isabirye. « Il n’y avait pas de moustiques dans ces régions, mais actuellement le paludisme y est endémique ».

Les sommets enneigés de la montagne Rwenzori se rétrécissent et menacent la survie des communautés qui sont installées au pied du massif montagneux et qui dépendent de l’eau produite par cette couverture glacière pour l’agriculture et leurs besoins domestiques, a ajouté M. Isabirye.

« L’accroissement de la population, une mauvaise politique de gestion de la terre, l’absence d’activités économiques et le commerce non équitable ont accru la demande en terre cultivable et en pâturage pour le bétail », a précisé M. Drichi. « Dans de nombreuses réserves, les ressources forestières ont été surexploitées, en particulier dans les zones boisées ».

En dépit des problèmes de déforestation, le gouvernement envisage de réserver quelque 7 000 hectares, sur les 32 000 hectares de la réserve forestière de Mabira, à 50 kilomètres à l’est de Kampala, la capitale, pour les céder à une entreprise sucrière qui compte en faire des champs de canne à sucre.

Selon un journal local, le Premier ministre, Apollo Nsibambi, a adressé une correspondance à Mary Mutagamba, la ministre de l’Environnement, l’enjoignant d’accorder une autorisation de déboisement d’une partie de la réserve de Mabira pour la plantation de canne à sucre.

Une telle décision pourrait avoir de graves conséquences sur la biomasse et la pluviométrie en Ouganda, ont déploré les écologistes. Elle pourrait également mettre en péril la vie de nombreuses espèces rares et de milliers d’habitants des villages implantés autour de la forêt tropicale. La réserve de Mabira abrite en outre des espèces de plantes rares et d’animaux sauvages, ont-ils précisé.

Pour Frank Mulamuzi, la destruction d’une partie de la forêt aurait de sérieuses incidences sur le niveau de l’eau du Lac Victoria, la pluviométrie, l’écosystème et le microclimat, un avis que ne partage pas du tout un porte-parole du gouvernement.

« C’est de cette manière qu’il faut utiliser les ressources forestières », a déclaré Tamale Mirundi, porte-parole du président ougandais Yoweri Museveni. « Il est plus facile de délocaliser une forêt, en plantant des arbres à un endroit, que de délocaliser une industrie ».

Selon M. Isabirye, le réchauffement de la température pourrait également affecter les plants de café, la culture de rente du pays.

« Le café pourrait disparaître de nombreuses régions productrices du café en Ouganda si la température augmentait encore de deux degrés Celsius », a-t-il affirmé. « L’amplitude écologique du café tend à se réduire ».

L’Ouganda a enregistré ses plus chaudes températures en février 2006, avec 45 degrés Celsius. « Nous n’avions pas connu de telles temperatures auparavant », a-t-il conclu.

Le directeur de la NFA avait dû démissionner en décembre après avoir refusé de se conformer à une directive présidentielle autorisant le déboisement d’une forêt pour créer une plantation de palmiers.

Le Président avait demandé à M. Olav Bjella de rendre sa démission ou de faire déboiser une grande superficie dans la forêt des îles Ssese, sur le Lac Victoria, pour l’exploitation d’une plantation privée de palmiers.

M. Bjella avait alors indiqué qu’il n’autoriserait pas la destruction de la forêt et qu’une telle opération était contraire à ses principes et à la législation ougandaise.

En Ouganda, près de 1,9 million d’hectares du couvert forestier actuel appartiennent à des domaines légalement reconnus, ce qui représente neuf pour cent de l’ensemble du territoire national et inclut les réserves forestières et les régions boisées des parcs nationaux et réserves de faune sauvage.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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