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Vers la stabilisation de l’épidémie de VIH, mais les défis demeurent

Le Burkina Faso enregistre des résultats encourageants dans sa lutte contre le sida, mais la trop grande centralisation des services VIH/SIDA et la faible mobilisation des hommes restent des obstacles, selon un nouveau rapport.

Le taux de prévalence du VIH parmi la population adulte au Burkina Faso fin 2005 a été estimé à deux pour cent, contre 2,1 pour cent fin 2003, selon ce rapport, publié vendredi, qui dresse un premier bilan de la mise en oeuvre du plan national multisectoriel de lutte contre le VIH/SIDA et les infections sexuellement transmissibles (IST) 2006-2010.

« Le Burkina Faso est résolument sur le bon chemin pour réduire la progression de l’épidémie », a dit Michel Sidibé, directeur du département appui aux pays du Programme commun des Nations unies sur le VIH/SIDA, Onusida, se réjouissant des tendances observées au cours des deux dernières années qui témoignent « d’une stabilisation, voire d’un déclin, des prévalences dans bon nombre de pays tels que le Ghana, le Togo et le Burkina Faso. »

Adopté en 2005, le plan multisectoriel a pour objectif de réduire le taux de séroprévalence au Burkina Faso à un pour cent. Son coût, estimé à 120 milliards de francs CFA (243 millions de dollars), est financé à plus de 80 pour cent par les partenaires du Burkina Faso.

Le rapport, élaboré par le Conseil national de lutte contre le sida et les IST (CNLS/IST), indique que 150 000 personnes, dont 10 000 enfants, vivent avec le VIH au Burkina Faso. L’épidémie a coûté la vie à 12 000 personnes depuis son apparition dans le milieu des années 80, et a rendu 120 000 enfants orphelins.

Une baisse de la prévalence des femmes enceintes en milieu urbain a été constatée au cours des deux dernières années, mais les villes enregistrent toujours des taux de prévalence supérieurs à ceux des zones rurales : le plus élevé (5,4 pour cent) a été relevé à Ouagadougou, la capitale.

Le rapport note une amélioration de l’accès à la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant (PTME): en 2006, 81 pour cent des femmes enceintes séropositives et leur bébé ont eu accès à ces services, contre moins de 71 pour cent en 2005. Plus de 26 pour cent de ces enfants ont été dépistés à 18 mois, contre 21 pour cent un an plus tôt.

Les programmes PTME sont maintenant accessibles dans 45 des 55 districts sanitaires du pays, contre trois en 2002.

« Nous continuons toujours de maintenir qu’il faut beaucoup de prévention pour vaincre la maladie, en maintenant l’élargissement de la prévention à tous les secteurs et de la protection des personnes infectées et affectées », a dit le président burkinabè Blaise Compaoré, également président du CNLS/IST, lors de la publication du rapport.

Des populations rurales moins bien servies

Tout en saluant les efforts fournis pour lutter contre l’épidémie, Martine Somda, présidente de REVS+, une association de personnes vivant avec le VIH qui compte 1 700 membres, dont 500 sous antirétroviraux (ARV), a appelé à ne pas relâcher la vigilance.

« Il ne faudrait pas s’asseoir sur ces bons résultats », a-t-elle dit à IRIN/PlusNews. « Beaucoup de choses restent à faire, comme [l’accès] de tous aux ARV et la mobilisation de la communauté sur les méthodes de prévention. »

La majorité des 12 842 personnes qui reçoivent aujourd’hui des ARV, sur les quelque 30 000 qui en auraient besoin, habitent en milieu urbain. Dans les zones rurales, où les taux de prévalence varient entre 0,6 et deux pour cent, les patients séropositifs ont beaucoup plus de difficultés à accéder aux traitements et au suivi biologique de l’infection.

« Il faut une décentralisation des produits au niveau des pharmacies », a plaidé Mme Somda. « Il faut que des infirmiers soutiennent les médecins prescripteurs pour rapprocher les malades des médicaments, sinon dans les provinces on ne pourra pas résoudre le problème de la prise en charge. »

Reconnaissant que des efforts devaient être fournis pour accélérer la décentralisation des traitements et de l’accès aux examens biologiques de suivi des patients séropositifs en zone rurale, les autorités burkinabè ont précisé que le plan de lutte contre l’épidémie au cours des prochains mois prendrait en compte les difficultés liées à la disponibilité des réactifs et au stockage des médicaments dans les régions isolées.

Des hommes peu présents dans la lutte

Autre motif de préoccupation relevé par le rapport publié vendredi : la féminisation de l’épidémie. Sur les 140 000 adultes vivant avec le VIH au Burkina, 80 000 sont des femmes, selon les chiffres officiels.

La plus grande vulnérabilité des femmes face à l’infection devrait encourager les hommes à s’investir dans la lutte pour mieux les protéger, or c’est loin d’être le cas, a constaté Mamadou Sawadogo, président du Réseau pour une grande implication des personnes infectées par le VIH (REGIPIV).

« Les hommes ne participent pas aux groupes de parole, cela se voit dans les associations dont plus de 90 pour cent [des membres] sont des femmes, des veuves », a-t-il regretté.

Le CNLS a par ailleurs regretté la faible mobilisation des hommes en faveur de la PTME : seuls 4,4 pour cent des partenaires de femmes enceintes testées au VIH dans le cadre de ce programme ont accepté de se faire dépister.

La majorité des quelque 63 000 Burkinabè ayant effectué un test de dépistage volontaire du VIH en 2006 étaient des femmes, selon le rapport, qui souligne néanmoins que le taux d’adhésion au dépistage volontaire reste trop faible chez les femmes enceintes: 49,2 pour cent d’entre elles ont accepté le test en 2006, contre 47,7 en 2005.

Pour les acteurs de la lutte contre le sida au Burkina Faso, tous ces résultats montrent que les efforts doivent être intensifiés.

« Les gens ont des espoirs, des projets de vie qu’ils ont besoin de voir accompagnés afin qu’ils ne retombent pas dans l’oubli et le découragement, qui pourraient remettre en cause tous les acquis [de la lutte] », a plaidé Mme Somda.

bo/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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