Cette armée, aux effectifs réduits mais à la puissance avérée, est composée en partie d’anciens combattants d’une guérilla d’exilés en Ouganda. Entrés au Rwanda en 1990, ces hommes se sont battus pendant quatre ans avant d’atteindre la capitale Kigali, contribuant à mettre fin à une campagne de génocide initiée par le gouvernement rwandais intérimaire d’alors, qui visait la minorité de Tutsis ainsi que les Hutus modérés.
Dans une région avec un taux de prévalence du VIH relativement élevé, le corps militaire a entrepris de former ses soldats à la prévention du sida depuis plus d’une décennie, dans le cadre d’une réponse globale de sécurité nationale.
«Dans les années 90, lorsqu’une grande parie des soldats de l’armée actuelle sont venus d’Ouganda, nous étions très préoccupés par le VIH –beaucoup de nos hommes étaient infectés», a dit le docteur Charles Murego, directeur des services médicaux du ministère de la Défense. «Les activités de prévention ont réellement commencé en 1995 et c’est en 1997 que nous avons commencé à administrer un traitement aux soldats séropositifs».
Les efforts de prévention de l’armée sont bien visibles, dans les locaux du ministère de la Défense à Kigali, où des messages sur des panneaux appellent les soldats à se servir de préservatifs et à subir le test de dépistage du VIH.
Le docteur Murego a souligné que le programme contre le VIH/SIDA des Forces de défense rwandaises (FDR) reposait sur trois principes : connaissances, attitudes et pratique (KAP, en anglais).
«Nous sensibilisons nos soldats sur le VIH, du plus haut niveau au plus bas et même le Président [du Rwanda, Paul Kagame] s’est impliqué dans l’éducation sur le sida, au niveau de l’armée», a-t-il dit. «Selon nos études, environ 85 pour cent des soldats ont réagi positivement au KAP et se sont mis à modifier leurs attitudes et comportements.»
La prévalence du VIH au sein des FDR est estimée entre deux et trois pour cent – légèrement plus faible que le taux d’infection de l’ensemble de la population, évalué à 3,1 pour cent en 2005, selon les Nations unies.
Largement sensibilisés sur l’étendue du problème, les unités rwandaises sont revenues de leur déploiement en RDC, sans qu’il n’y ait d’augmentation de l’incidence de l’infection VIH.
Le docteur Murego a évoqué une récente réunion de groupe où 10 soldats avaient été sélectionnés au hasard. Il leur a ensuite été demandé s’ils avaient des préservatifs sur eux: huit sur 10 en avaient, un seul avait oublié le sien, et un autre a déclaré pratiquer l’abstinence sexuelle depuis qu’il avait perdu sa sœur d’une infection liée au VIH/SIDA.
Une partie du programme KAP consiste à développer chez les soldats un certain esprit de compassion pour leurs camarades séropositifs, car la stigmatisation demeure un réel problème.
«Nous n’interdisons pas aux soldats de s’entraîner ou d’évoluer au sein de l’armée, uniquement parce qu’ils sont infectés» a ajouté le docteur Murego. «Les seules opérations auxquelles les soldats séropositifs ne prennent pas part sont les opérations de maintien de la paix».
Le corps militaire est en train de démobiliser et d’absorber des milliers d’ex rebelles et soldats de l’ancien gouvernement, qui ont combattu les FDR à l’est de la République démocratique du Congo.
«En ce qui concerne les soldats, il n’y a pas grand chose à faire –ils ont déjà été formés dans le cadre des programmes VIH de l’armée», a déclaré Alphonse Nkusi, responsable en chef des opérations auprès de la Commission rwandaise de démobilisation et de réintégration. «Nous concentrons nos efforts sur les anciens rebelles.»
A leur arrivée, les rebelles ont bénéficié de conseils sur le VIH, aux différents points de passage que la Commission avait établis le long des frontières entre le Rwanda et la RDC.
«Nous les encourageons à subir un dépistage et s’ils sont séropositifs, nous les poussons à créer des unions ou à rejoindre les groupes déjà existants de personnes porteuses du virus du sida», a ajouté Nkusi.
Dans le cas des anciens enfants rebelles, «nous [les] éduquons, mais ne leur faisons pas passer de test de dépistage, conformément aux principes internationaux, mais nous les encourageons à se faire dépister après la démobilisation», a-t-il déclaré. «Beaucoup ont été exposés au VIH lorsqu’ils étaient soldats.»
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