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Vu de la rue, le « centre de détention de haute sécurité » de la Guinée-Bissau ressemble à une vielle bâtisse portugaise délabrée, avec sa clôture basse et la rangée de carreaux roses alignés sous le toit. Mais au bas d’un escalier précaire et raide qui mène au sous-sol, 22 jeunes détenus vivent dans la crasse et l’obscurité, dans trois cellules souterraines.

Il n’y a ni lumière ni électricité à l’intérieur. « Nous n’avons même pas de bougies », a murmuré un détenu au correspondant d’IRIN.

Hormis le petit bâtiment qui sert de centre de détention provisoire à la police, c’est cette vielle bâtisse qui fait office de maison d’arrêt dans ce pays de 1,6 millions d’habitants.

Les autorités ont sorti les détenus de leurs cellules pour les conduire vers le seul endroit de la prison où la lumière pénètre par une petite lucarne.

Sur les murs couverts de graffitis dégouline un filet d’eau qui s’échappe de canalisations percées. « Je suis malade et j’ai besoin de soins », a déclaré un des jeunes hommes atteint de jaunisse et visiblement affaibli par la maladie.

Dans une pièce au-dessus de la cage d’escaliers vivent deux détenus femmes. L’une d’elles est couchée sur un matelas à côté d’un homme qu’elle dit être son mari.

Un détenu est assis à l’extérieur d’une cellule sombre et dépourvue de mobilier qu’il partage avec sept autres prisonniers, au sous-sol.
La pièce voisine abrite les dortoirs des gardiens de la prison, a précisé M Albino, le régisseur de la maison d’arrêt. « Les gardes et les détenus femmes partagent la même salle d’eau ».

L’impunité érigée en règle

En Guinée Bissau, peu de criminels auront l’occasion de connaître les misérables conditions de vie dans cette prison.

Malgré les activités des cartels de drogue latino-américains dans le pays et les nombreuses saisies de drogue opérées ces derniers mois et estimées à plusieurs dizaines de millions de dollars, aucun détenu de cet établissement n’est poursuivi pour trafic de drogue.

La Guinée Bissau est également sujette à une vague de criminalité, notamment des vols à main armé et d’aucuns prétendent même que certains assassinats et bastonnades auraient des motivations politiques. Mais là encore, aucun des détenus de cette prison n’est poursuivi pour ces crimes.


Photo: David Hecht/IRIN
Un détenu assis à l'extérieur d'une cellule sombre et dépourvue de mobilier qu'il partage avec sept autres prisonniers.
Le directeur par intérim des prisons placées sous la tutelle du Ministère de la Justice, Augusto Nhaga, a fait visiter le centre pénitentiaire au correspondant d’IRIN et a précisé que les condamnés et les personnes qui n’ont pas encore été jugées partageaient les mêmes cellules.

C’est le cas de ce garçon, étendu sur un matelas en mousse crasseux, posé à même le sol, que M. Nhaga montre du doigt.
« C’est son oncle qui l’a amené ici, après l’avoir accusé de vol ».

Le prétendu petit voleur était allongé près d’un autre détenu à la silhouette frêle, du nom de Sumba, qui portait une profonde cicatrice allant du menton à la poitrine.
« Après avoir tué son voisin, Sumba a tenté de se suicider en s’ouvrant la gorge », a déclaré le régisseur de la prison, Paulo Albino.

« Il était donc bien trop faible pour assister au prononcé du verdict », a précisé M. Albino.

« Les grands criminels jouissent d’une impunité totale dans ce pays », a expliqué Jamel Handem, responsable de Placon-GB, une association d’ONG.
« Il y a beaucoup de crimes, mais très peu de criminels ».

Pour Namuano Gomes, le ministre bissau-guinéen de la Justice, c’est parce que le pays ne dispose pas d’infrastructures adéquates qu’il y a peu de criminels derrière les barreaux.

« Nous n’avons même de maison d’arrêt digne de ce nom dans ce pays », a-t-il fait remarquer, « Lorsque nous arrêtons un individu, nous n’avons même pas les moyens de le maintenir en détention pendant plus d’un an ».

Pas d’évasion

Même lorsque les prisonniers sont enfermés dans cette minuscule prison, ont confié les observateurs des droits de l’homme, ils peuvent facilement en sortir en soudoyant les gardiens.

Au-dessus des cellules du sous-sol, 12 détenus se promènent librement. Assis dans la rue, l’un d’eux s’entretient avec sa mère.

« Nous voyons parfois les prisonniers se balader en ville en pleine journée », a expliqué Handem.

Aucun des sept gardiens en service ne porte une arme. « Ils disposent tous d’un pistolet, mais ils ne sont pas tenus de le porter actuellement », a précisé M. Nhaga.

« Nous connaissons ceux qui veulent s’évader », a-t-il affirmé.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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