1. Accueil
  2. East Africa
  3. Burundi
  • News

La lutte s’organise derrière les barreaux

Pour les détenus séropositifs de la prison surpeuplée de Mpimba, dans la capitale Bujumbura, le seul moyen de survivre aux conditions d’incarcération est de s’unir pour se soutenir mutuellement.

Baptisée à l’origine ‘Mboshwe Kabiri’, la ‘double peine’ en langue Kirundi, l’association de prisonniers vivant avec le VIH a finalement décidé de se donner le nom de ‘Turemeshanye’, ce qui signifie ‘le soutien mutuel’.

Georges Ndabihawe, le président de l’association, a dit à PlusNews que les membres s’entraidaient pour l’accès à la nourriture, aux médicaments et au soutien psychologique.

L’association se révèle particulièrement utile dans la mesure où de nombreux détenus séropositifs ont été abandonnés par leur famille, surtout lorsque cette dernière ne s’attendait pas à ce que leur parent survive à une longue détention.

L’établissement pénitentiaire de Mpimba a été construit pour héberger 800 prisonniers, mais ils sont plus de 3 000 à s’y entasser actuellement, et la nourriture a des difficultés à parvenir aux détenus.

La ration alimentaire, composée de 350 grammes de haricots et de 350 grammes de manioc par jour n’est «même pas suffisante pour un enfant», a déploré Martin Yabu, un détenu séropositif.

«Les médecins nous disent de bien manger, de nous couvrir correctement; parfois j’ai envie de leur rire au nez», a dit Vincent Tugirimana, un autre prisonnier infecté au VIH, qui a été incarcéré en 2000 suite à une accusation de meurtre et attend toujours son procès.

M. Tugirimana a dit avoir toujours réussi à trouver de quoi manger avant de prendre ses antirétroviraux (ARV) le matin, mais pour la prise du soir, «cela dépend de la volonté de Dieu», a-t-il dit.

D’après Baselisse Ndayisaba, coordinatrice de la section burundaise de l’organisation panafricaine Société des femmes contre le sida en Afrique (SWAA, en anglais), le problème ne vient pas de la quantité mais de la mauvaise qualité du régime alimentaire dans les prisons.

Pour aider les détenus vivant avec le VIH à améliorer leur alimentation, la SWAA-Burundi a aidé l’association Turemeshanye à monter un petit restaurant en 2006, afin de leur fournir une activité génératrice de revenus. Les détenus se relayent pour travailler au restaurant et ont ainsi de quoi enrichir leur alimentation.

L’organisation des femmes fournit aussi des ARV, et deux fois par semaine amène un médecin à Mpimba pour traiter les infections opportunistes liées au virus. Le programme gouvernemental de traitement du VIH/SIDA ne prend pas en compte les prisons, et l’association Turemeshanye milite maintenant en faveur de l’intégration des patients séropositifs prisonniers dans ce programme.

Bien que l’association compte 60 membres, Georges Ndabihawe a souligné que la stigmatisation liée au VIH/SIDA restait très forte en prison et que de nombreux détenus hésitaient encore à rejoindre Turemeshanye, dans la mesure où cela confirmerait aux yeux des autres prisonniers leur statut de personne vivant avec le VIH.

«Ceux qui acceptent de nous rejoindre ouvertement n’ont pas le choix», a dit M. Ndabihawe. «Plutôt que de mourir sans que personne ne s’occupe d’eux, ils acceptent leur statut [sérologique].»

La SWAA-Burundi tente de lutter contre l’ignorance sur le VIH/SIDA dans des documentaires de sensibilisation diffusés régulièrement, qui sont destinés à la fois à informer les prisonniers sur la pandémie et à permettre à ceux qui sont séronégatifs d’éviter l’infection.

Bon nombre de membres de Turemeshanye ont été formés pour devenir des pairs éducateurs, et M. Ndabihawe a expliqué qu’ils avaient aussi pour but de s’assurer que les détenus qui étaient séronégatifs le restent.

«Certains détenus peuvent développer des comportements à risque tels que l’homosexualité», a-t-il dit, ajoutant que les conditions de vie déplorables dans les établissements pénitentiaires forçaient des femmes détenues à avoir des relations sexuelles contre de l’argent.

Les préservatifs ne sont pas distribués par les autorités pénitentiaires, mais la SWAA en offre aux prisonniers qui en demandent, souvent des femmes.

Dans une déclaration faite à l’occasion de la nouvelle année, le président burundais Pierre Nkurunziza a annoncé que les personnes âgées, les enfants et les personnes souffrant de maladies incurables seraient relâchés plus tôt de prison.

Cette déclaration a suscité l’espoir des détenus séropositifs, mais d’ici là, l’association Turemeshanye a dit qu’elle continuerait à militer auprès du Conseil national de lutte contre le sida en faveur d’un meilleur accès à l’alimentation et aux médicaments dans les prisons.

jb/kr/kn/he/ail



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join