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Bassin du Congo : un réservoir de biodiversité menacé de disparition

En plein cœur de l’Afrique, le bassin de la rivière Congo est un écosystème marin et forestier comprenant les territoires de la République démocratique du Congo (RDC), la République du Congo, le Cameroun, la République centrafricaine, la Guinée équatoriale et le Gabon.

Le Bassin du Congo, considéré à juste titre comme le deuxième poumon de la terre après la forêt amazonienne, constitue un grand réservoir de biodiversité. Ses forêts sont victimes d’une exploitation abusive et ses espèces animalières souvent menacées d’extinction.

La superficie du Bassin du Congo est estimée à 520 millions d’hectares, selon la FAO. La forêt représente à elle seule près de 200 millions d’hectares, soit 38,4 pour cent de la superficie du bassin. C’est donc 30 pour cent de la couverture végétale du continent africain qui s’y trouve et 19 pour cent des forêts tropicales du monde.

Ces forêts disposent de produits ligneux et non-ligneux. Dans ce gigantesque réservoir, 10 000 espèces végétales ont été identifiées, dont environ 3 000 sont endémiques. Le Bassin du Congo représente également 440 000 hectares de plantations forestières dominées pour l’essentiel par des essences à croissance rapide telles les eucalyptus et les pins.

De plus, il offre un potentiel de développement économique et écologique considérable. En terme de biodiversité, le Bassin du Congo est incontestablement l’espace le plus riche d’Afrique. Il possède, entre autres, de gigantesques provisions de carbone.

Par ailleurs, avec le fleuve Congo et ses affluents, le bassin contient une importante réserve d’eau douce.

Actuellement, environ 100 millions de personnes – dont un peu plus de la moitié sont originaires de la RDC – vivent dans le Bassin.

Selon la Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC), le Gabon et le Congo sont les deux pays de la région du bassin où la migration urbaine est en hausse. Dans les autres pays, 65 pour cent de la population demeure dans les régions rurales où leur survie dépend en grande partie de l’exploitation de la forêt.

Lors d’une présentation sur le Bassin du Congo durant le sommet des chefs d’état à Brazzaville, COMIFAC a déclaré que «la forêt est la principale source d’énergie et de nourriture pour ses habitants, dont la population croît rapidement en raison des taux de natalité élevés. Elle leur apporte du charbon de bois pour la cuisson des aliments, des protéines par la viande de brousse et des plantes médicinales remplaçant les médicaments manufacturés.

Le COMIFAC précise également qu’«une analyse récente des documents stratégiques de réduction de la pauvreté (DSRP) montre que les forêts et leur rôle dans la réduction de la pauvreté sont encore ignorés».

Pour une grande partie des populations de la sous-région d’Afrique centrale, la destruction de l’environnement et des forêts se traduit directement par une dégradation des conditions de vie des populations et met en danger la survie même des plus pauvres.

«Bien que les forêts ne soient pas le meilleur moyen de sortir les populations de la pauvreté, elles constituent actuellement le filet de secours qui leur permet de survivre, dans la mesure où elles [maintiennent] leur intégrité écologique », affirment les experts de la COMIFAC.

Diversité de la richesse du Bassin du Congo

Les forêts du Congo sont riches en espèces animales emblématiques, rares et ou menacées dont les éléphants et autres grands mammifères.

Dans l’ensemble, les forêts du Bassin renferment environ 400 espèces de mammifères, 1086 espèces d’oiseaux, 216 espèces d’amphibiens, 280 espèces de reptiles et plus de 900 espèces de papillons. Le Bassin est habité par 80% des gorilles de savane. Quelque 4 000 éléphants et 9 000 chimpanzés y ont été inventoriés.

«Ce cheptel est peu connu. Les inventaires ne sont pas fréquents», affirme sous couvert d’anonymat, un expert de Greenpeace, une ONG internationale de protection de l’environnement.

Certaines espèces fauniques sont intégralement protégées. C’est le cas des lions, des panthères, des okapis, des grands singes et des éléphants, ces derniers particulièrement en raison de leur ivoire très sollicité sur le marché international.

A l’occasion du deuxième sommet des Chefs d’Etats sur la conservation et la gestion durable des écosystèmes forestiers à Brazzaville, le président de la RDC, Joseph Kabila, a annoncé la tenue de la première conférence mondiale et intergouvernementale sur les grands singes à Kinshasa en septembre prochain.

Pour garantir la survie des différentes espèces de grands singes, les pays du Bassin ont décidé de créer des espaces protégés d’une superficie de 27 906 500 hectares environ, dont 35 parcs nationaux.

L’avenir des forêts du Bassin est menacé par le commerce illicite du bois, le braconnage des animaux, la présence ou l’apparition de maladies tel le virus d’Ebola.

Le commerce illégal des produits et la déforestation

«En terme de dégradation des ressources forestières du monde, il y a un vide. Chaque année 14 millions ha de forêts disparaissent. Celles du Bassin du Congo ne sont pas en reste», estime M. Jean Prospère Koyo, expert à la FAO.

Pour le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, le Bassin du Congo enregistre chaque année une perte de 934 000 hectares de forêts.


Le taux d’exploitation de la forêt varie d’un pays à un autre de la sous-région. Mais dans l’ensemble, selon la FAO, les forêts du Bassin ont connu entre 1990 et 2000 une diminution de 8 266 000 hectares, soit un recul de 137 000 hectares par an.

D’après la FAO, deux causes principales expliquent la diminution progressive de la couverture végétale des pays du Bassin. Il s’agit notamment de l’agriculture itinérante et de l’exploitation du bois de chauffe dont la production a été évaluée à 67 000 000 de mètres cubes en 1998. En Afrique centrale, l’agriculture se développe autour des zones d’habitation et le long des axes routiers.

Peu de reboisement est fait, estime la FAO. On estime qu’environ 300 000 hectares ont été reboisés.

Le président français Jacques Chirac, présent au sommet de Brazzaville, a affirmé que le commerce illicite du bois tropical des forêts du Bassin entraînera des pertes économiques de l’ordre de 10 à 15 millions d’euros chaque année.

Par ailleurs, les espèces animales du Bassin sont victimes d’un braconnage sans précédents. Les animaux dont la présence favorise l’essor de l’écotourisme sont abattus par les braconniers pour diverses raisons. Le bongo, une espèce de grand singe rencontré en RDC et au Congo, est recherché pour sa peau qui serait utilisée par l’industrie occidentale de fabrication de chaussures. Il en est de même pour les éléphants dont l’ivoire est très prisé par les fabricants de bijoux.

«Les braconniers font mal à l’économie nationale. Tous les produits de leurs activités sont vendus à des citoyens étrangers qui en tirent le meilleur profit», dénonce le ministre congolais de l’économie forestière et de l’environnement, Henri Djombo.

«Le braconnage ne peut qu’empêcher les partenaires internationaux d’investir dans le domaine du tourisme», ajoute-t-il.

Dans le Bassin, le braconnage touche à la fois les espèces animales marines (les tortues luths particulièrement) et terrestres. Il a pris des proportions inquiétantes ces dix dernières années à cause de la circulation d’armes légères ou de petits calibres dans certains pays du Bassin, en l’occurrence le Congo, la RDC et la RCA qui ont tous connu des guerres civiles à répétition.

Un autre fléau qui constitue une réelle menace d’extinction des animaux est le virus d’Ebola, même s’il reste circonscrit jusque-là à la frontière entre deux pays : le Congo et le Gabon. Sa source n’est pas encore connue.

Les indications recueillies sur le terrain par Mme Magdalena Bermejo, une primatologue d’origine espagnole, font ressortir une poussée de l’épidémie d’Ebola vers la plus grande réserve d’Afrique centrale, le parc d’Odzala au nord du Congo-Brazzaville.

Placé sous la protection d’Ecosystèmes forestiers d’Afrique centrale (ECOFAC) grâce au financement de l’Union européenne, ce parc abriterait plus de 20 000 des 75 000 gorilles des plaines réparties entre le Congo et le Gabon.

En 2003, le virus a décimé 500 primates sur les 800 qui peuplaient le sanctuaire de Lossi situé non loin du parc d’Odzala.

Quand l’épidémie d’Ebola a fait son apparition au cours des années 1970 en RDC, plus précisément dans la zone de Kikwit, plusieurs dizaines de personnes avaient été tuées. Ce virus est mortel dans 50 à 90% des cas.

«Ebola ne doit pas réduire à néant tous les efforts entrepris pour la conservation de la faune du poumon gauche de la terre», déclare M. Djombo.

Un partenariat de 29 entités internationales constitué des pays du Bassin, des membres du G8, d’ONG internationales et d’agences de l’ONU comme la FAO, a été appelé à financer le Plan de Convergence. Ce plan décennal (2004-2013) mis en place par la COMIFAC est une plate-forme d’actions prioritaires pour le développement du secteur forestier. Il nécessite un investissement de 1,3 milliards de dollars américains.

Le processus de conservation des écosystèmes forestiers du Bassin intéresse désormais d’autres états. Le Tchad, le Burundi, le Rwanda et Sao Tomé et Principe ont aussi participé au deuxième sommet des chefs d’Etats à Brazzaville, le 5 février dernier.

La volonté exprimée par tous ces états de gérer rationnellement leurs ressources forestières peut s’expliquer par le fait que ces ressources sont inépuisables. Elles sont appelées à remplacer le pétrole qui constitue le principal produit d’exportation de ces pays depuis l’indépendance dans les années soixante.


Le partenariat pour la forêt du Bassin du Congo: www.cbfp.org
Le Bassin du Congo: www.worldwildlife.org


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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