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Sans l’aide des ONG, pas de traitement ARV pour tous

Quelque 15 000 personnes vivant avec le sida devraient recevoir un traitement antirétroviral (ARV) d’ici 2007 au Burkina Faso, un objectif jugé irréalisable sans une plus forte implication des associations locales dans la prise en charge des patients, ont prévenu des agences humanitaires mercredi. Entre 2 600 et 2 700 personnes bénéficient actuellement de traitements antirétroviraux au Burkina Faso, selon le comité interministériel de lutte contre le sida. Cela représente cinq pour cent de la population en attente de ces médicaments qui améliorent les conditions de vie des personnes infectées par le virus. «Compte tenu des stocks disponibles, l'Etat ne pourra prendre en charge que 15 000 personnes d'ici 2007", a dit le docteur Didier Bakouan, du CNLS. Mais selon Luc Derlet, coordinateur des activités de Médecins sans Frontières (MSF) à Luxembourg, le système public seul est incapable de prendre en charge toutes les personnes qui ont besoin de traitement à travers le pays. «Par manque d’infrastructures sanitaires et de personnel médical qualifié, le gouvernement ne peut pas prendre en charge tout le monde», a dit Derlet à PlusNews. Depuis 2003, MSF-Luxembourg distribue gratuitement des thérapies antirétrovirales et soigne plus de 1 000 patients par an dans le plus important des quatres centres de santé de la capitale Ouagadougou. Dans cette structure, 2 600 personnes sont suivies chaque mois pour des maladies opportunistes qui se développent sur des organismes affaiblis par le VIH. «D’ici un ou deux ans, le centre sera saturé», a prévenu Derlet. «Il faut désormais trouver des solutions pour décentraliser la prise en charge, pour que l’on puisse référer les personnes qui ont besoin de soins vers des centres de santé ou des associations de quartier habilités.» Le Burkina Faso est l’un des pays les plus pauvres du monde. Le taux de prévalence est estimé pour 2003 entre 2,7 pour cent selon l’Onusida et 1,8 pour cent selon les autorités. Selon l’Onusida, 23 structures sanitaires sont habilitées à distribuer les traitements contre le sida et les maladies opportunistes au niveau local et régional, mais seulement 400 médecins consultent dans ce pays de 13 millions d’habitants, soit un médecin pour 32 500 personnes. «Les listes de personnes ayant besoin de traitement s’allongent dans les hôpitaux», a dit Mamadou Sakho, le coordinateur de l’Onusida au Burkina Faso. «Même s’il y a un réel engagement politique à améliorer la prise en charge, il y a un problème d’accès aux soins, au traitement et à la prise en charge pour des questions structurelles et financières», a t-il ajouté. Le Burkina Faso a adhéré en 2003 à l’initiative ‘Three by Five’ (Trois millions de personnes sous traitement d’ici 2005), lancée par l’Organisation mondiale de la santé pour accélérer la mise en place de stratégies nationales de lutte. Depuis, peu a été fait pour améliorer l’accès aux systèmes de soins, selon les organisations non-gouvernementales (ONG). Celles-ci sont cantonnées au champ de la prévention et de la sensibilisation ou sont contraintes de travailler dans la clandestinité. C’est le cas de l’association REVS+ (Responsabilité, espoir, vie, solidarité) que dirige Martine Somda depuis Bobo Dioulasso, la deuxième ville du pays. Grâce à ses partenaires étrangers, cette ONG peut distribuer gratuitement des antirétroviraux à 79 personnes et soigner plus de 1 000 patients souffrant de maladies opportunistes. «Nous travaillons dans la plus grande insécurité parce que nous ne sommes pas habilités à distribuer ces thérapies», a expliqué Somda. «Pourtant, nous sommes obligés de le faire : l’hôpital de Bobo, avec quatre médecins prescripteurs, est dépassé : ils n’ont plus d’ARV depuis six mois et nous envoient les personnes qui en demandent. Nous sommes l’ultime recours de ces gens.» Les ARV et les tests de laboratoire coûtent jusqu'à 33 000 francs CFA (68 dollars) par mois pour chaque patient référé dans des établissements publics, un prix trop élevé pour la majorité des Burkinabè qui échappe, du coup, aux mécanismes de prise en charge. Plus de 700 personnes sont en attente de traitement à REVS+, qui attend depuis quatre ans d’être régularisée afin de distribuer ces ARV en toute transparence. Des associations en milieu urbain peuvent distribuer illégalement des thérapies pour 200 personnes, selon REVS+. En septembre, l’Etat a autorisé quatre associations locales, sur les 20 qui travaillent activement contre le virus, à dispenser des soins généraux aux personnes vivant avec le VIH/SIDA. Mais aucune n’a été autorisé à prescrire des ARV. «Rien n’est encore finalisé», a expliqué Somda. «Le gouvernement envisage de nous donner des accréditations provisoires de six mois, mais nous sommes toujours au stade des discussions et aucune convention n’a encore pu être signée.» Or, a t-elle dit, les associations doivent être parties prenantes de la lutte contre la pandémie de VIH/SIDA au Burkina, à laquelle elles apportent une contribution originale. «Il faut laisser le choix aux personnes qui vivent avec le virus d’aller se faire soigner où elles le souhaitent», a t-elle expliqué. «On les canalise vers des structures dans lesquelles ils ne se sentent pas à l’aise, alors que nous, ONG, nous leur offrons une approche de proximité.» Pour Sakho, de l’Onusida, l’implication des ONG est devenue un impératif au Burkina, un pays stable qui possède un réseau dense et relativement ancien d’associations locales. Elles sont à ce jour plus d’un millier et représentent une société civile très dynamique. «Elles sont très mobilisées et nous interpellent quotidiennement sur les problèmes qu’elles rencontrent et les défaillances qu’elles constatent. Pour cela, elles doivent être associées aux actions du gouvernement», a t-il dit. Pour répondre à cette nécessité, la Banque mondiale finance à hauteur de 4,6 millions de dollars le programme d’accélération des traitements (TAP), qui devrait être mis en œuvre en 2005 et associer une douzaine d’ONG locales. Les partenaires du Burkina devraient en outre lui remettre une trentaine de millions de dollars l’année prochaine dans le cadre de la lutte contre l’épidémie. En attendant, les associations continuent d’agir dans le cadre étroit fixé par le gouvernement. «Les autorités ne veulent pas entendre parler de gratuité des soins pour le moment», a dit Somda, de REVS+. «On parle beaucoup mais nous n’avons pas de réponse franche : ils devraient venir nous voir sur le terrain, la réalité est bien différente de leurs discours.»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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