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Les guerriers massaïs sur le front du VIH/SIDA

Alors que les tentatives visant à sensibiliser la communauté massaï du Kenya aux dangers du VIH se sont souvent heurtées au refus de la communauté d’accepter des changements préconisés par des membres externes, une nouvelle initiative fait appel aux « morans », ou guerriers massaïs, afin de diffuser des messages de prévention.

« Les Massaïs sont un peuple très traditionnel et la meilleure façon de leur adresser des messages est de s’insérer dans leur communauté sans essayer d’affaiblir leur culture. Nous leur offrons la liberté d’apprendre en utilisant leurs systèmes culturels afin de les sensibiliser à la santé de la reproduction », a déclaré Peter Ngura, gestionnaire de programme dans le cadre d’un projet destiné aux jeunes nomades mené par l’Association pour la médecine et la recherche en Afrique (AMREF en anglais), une ONG dédiée à la santé et au développement.

« Nous formons les ‘morans’ comme pairs éducateurs et nous nous servons d’eux pour adresser des messages aux autres ‘morans’, car ce sont les uniques autres personnes avec lesquelles la culture massaï les autorise à interagir librement », a-t-il poursuivi.

« Les ‘morans’ écoutent seulement leurs chefs ‘morans’, et c’est la raison pour laquelle ce sont ces personnes que nous formons afin qu’elles forment à leur tour leurs camarades ‘morans’ qui sont sous leur supervision », a-t-il précisé.

Les « morans » sont de jeunes hommes âgés de 15 à 25 ans chargés de protéger leur communauté et leur bétail. En outre, ils sont encouragés à avoir des partenaires multiples et vivent la plupart du temps dans la brousse, isolés du reste de la communauté. Ils ne communiquent qu’avec leurs amies, les aînés et les chefs qui leur rendent visite afin de partager les croyances traditionnelles massaï.

Lelein Kanunga est un chef « moran » qui a rompu avec la tradition et consacre son temps à sensibiliser les autres « morans » aux dangers du VIH, dans le cadre du programme mené par l’AMREF. 

« Il est difficile de dire aux ‘morans’ de quitter leurs amies, car ils passent leur temps à parler de filles et de sexualité. Toutefois, ils savent désormais que le préservatif peut les protéger contre le VIH »
« J’ai été sensibilisé aux dangers que représentent les rapports sexuels non protégés, la circoncision féminine et la violence à l’égard des femmes et j’ai décidé qu’il était en mon devoir de sensibiliser à mon tour mes amis ‘morans’ », a-t-il confié à IRIN/PlusNews. « Nous pratiquons par exemple [la mutilation génitale féminine], mais je sais qu’il n’existe pas de raisons valables à cela. »

Les statistiques sur le taux de prévalence du VIH au sein de la communauté massaï, qui représente près de 2 pour cent de la population kényane, sont limitées. Toutefois, en vivant relativement isolés de la société moderne, les Massaïs ont plutôt été épargnés par le virus, par rapport aux autres habitants de la vallée du Rift – une province qui affiche un taux de prévalence de 7 pour cent.

Cependant, à l’heure actuelle, de nombreux jeunes Massaïs quittent leur communauté afin de gagner leur vie comme chauffeurs ou commerçants dans de vastes régions urbaines à forte prévalence VIH. En outre, ils reviennent dans leur village, continuent d’observer les coutumes traditionnelles, comme la polygamie, et exposent ainsi leur communauté à des risques accrus de contracter le virus.

« Il est difficile de dire aux ‘morans’ de quitter leurs amies, car ils passent leur temps à parler de filles et de sexualité. Toutefois, ils savent désormais que le préservatif peut les protéger contre le VIH et d’autres maladies sexuellement transmissibles et ils s’en servent », a ajouté Lelein Kanunga. « Ce n’est pas facile, mais aujourd’hui, certains d’entre nous disent à des parents : ‘nous ne marierons vos filles que si elles ne sont pas excisées’. »

La culture au profit de la participation communautaire

James Reteti, un autre « moran » devenu pair éducateur, s’est mis à utiliser une calebasse qui sert traditionnellement de pot à lait, afin de transporter et distribuer des préservatifs à ces camarades « morans ».

« Les ‘Morans’ accordent de l’importance à la calebasse dans laquelle on transporte le lait qui leur est destiné. Selon eux, la calebasse sert à transporter des choses précieuses », a-t-il précisé. « Nous nous servons de ces calebasses comme distributeurs de préservatifs… Ils comprennent ainsi que le préservatif est une chose importante pour eux. »

Selon M Ngura de l’AMREF, l’un des aspects clés du projet est la participation des chefs culturels massaïs qui exercent une grande influence dans la communauté.

« Selon la tradition, ce sont les aînés qui prennent les décisions et leurs dires sont entendus. Par conséquent, nous faisons appel à ces aînés afin de transmettre, par exemple, des connaissances sur les dangers de la polygamie, du mariage précoce des jeunes filles, de la mutilation génitale féminine et sur l’importance du planning familial », a-t-il souligné.

Jusqu’à présent, le programme a formé 70 chefs « morans » comme pairs éducateurs dans les districts de Kajiado, Magadi et Loitoktok, dans la province de la vallée du Rift.

ko/kr/oa/cb/cd

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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