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La police se prépare à prévenir les violences électorales

Tandis que le Ghana a commencé son compte à rebours à l’approche des élections présidentielles et législatives, qui auront lieu le 7 décembre, la police nationale dit avoir identifié 1 399 zones sujettes aux violences, susceptibles d’être le théâtre de troubles.

« La plupart de ces zones sont des régions qui ont des antécédents de conflit violent, et où les divisions politiques peuvent être un terreau fertile pour de nouvelles violences », selon Patrick Timbila, directeur des opérations de la police.

Les zones citées sont, pour certaines, des villages, pour d’autres, des régions entières. Le Kofi Annan International Peacekeeping Training Centre (KAIPTC), un organisme de recherche sur la prévention des conflits, a également déterminé, dans le cadre d’une étude récente, que le risque de violences était général.

Le Ghana a largement échappé au conflit qui a happé ses voisins d’Afrique de l’Ouest, mais les huit candidats qui se présenteront aux élections présidentielles de décembre appellent les électeurs à se souvenir que le pays a été le théâtre de violences politiques par le passé et que le conflit pourrait éclater de nouveau.

John Evans Atta Mills, candidat à la présidence au sein du Congrès démocratique national (NDC), principal parti d’opposition, a récemment évoqué les violences post-électorales qui ont secoué le Kenya en décembre 2007 comme exemple de ce qui pourrait se produire si des mesures de prévention n’étaient pas prises.

En août 2008, l’inscription des nouveaux électeurs à Tamale, capitale de la région Nord, a été marquée par les violences. Par la suite, toujours dans le courant du mois d’août, une fusillade avait fait au moins trois morts et bien davantage de blessés et de déplacés dans la ville de Gushegul, située non loin de là.

La Coalition of Domestic Election Observers, un organisme de surveillance électorale, a découvert des irrégularités dans le processus d’inscription dans la même région, notamment l’inscription d’électeurs mineurs, l’inscription forcée de ressortissants étrangers, ainsi qu’une pénurie de matériel à l’origine de retards importants.

« Si les statistiques de la police sont vraies, nous avons des problèmes », a estimé Kwesi Aning, directeur de recherche au KAIPTC.

Des poudrières dans le nord


M. Timbila, chef de la police, s’inquiète tout particulièrement du risque de violence dans le nord en raison des divers conflits prolongés qui font rage dans la région, a-t-il expliqué à IRIN.

Parmi les poudrières : Dadgon, Yendi et Gushegu dans la région Nord, et Bawku dans la région Nord-Est. En 1993, des querelles foncières avaient donné lieu à des violences ethniques et fait plusieurs centaines de morts dans la région Nord.

« Les activités politiques dans le nord sont souvent alimentées par un mélange complexe de querelles foncières latentes, de conflits ethniques et de chefferies, et d’une culture des armes à feu », a indiqué M. Aning du KAIPTC.

En janvier 2008, des flambées de violence ont éclaté entre l’ethnie des Mamprusi et celle des Kusasi à Bawku, une ville de la région Nord-Est, une des zones situées à l’extrême nord du Ghana.

Une querelle de chefferie couve entre les familles royales Abudu et Andani depuis 2001 et ces dernières années, selon M. Aning, des politiciens se servent de ces conflits dans leur propre intérêt politique.

Chaque famille royale est désormais alignée, ou considérée comme alignée derrière un parti politique. « Ces conflits revêtent désormais des couleurs politiques, bien qu’ils aient apparemment été déclenchés par des querelles de chefferie ».

Dans le nord, les jeunes sont eux aussi manipulés par la classe politique, selon Emmanuel Bombandey, du Réseau régional de construction de la paix en Afrique de l’Ouest (WANEP), un organisme à but non-lucratif. « Les hommes politiques, volontairement ou non, distribuent des fonds à leurs jeunes partisans pour […] faire en sorte qu’ils prouvent leur fidélité à un parti donné ».

La pauvreté générale des trois régions de l’extrême nord du pays rend les jeunes manipulables, selon M. Aning. Quelque 18,2 pour cent de Ghanéens vivent en effet avec moins d’un dollar par jour, la moitié d’entre eux dans le nord du pays.

En outre, la concurrence acharnée que se livrent les candidats dans le cadre d’une élection qui devrait être serrée risque également de déclencher des violences à Accra, la capitale, dans le sud du pays, ainsi qu’à Kumasi, deuxième ville du pays, située dans la région d’Ashanti (centre), selon le rapport du KAIPTC.

Le gouvernement du président John Agyekum Kufuor achèvera son mandat en janvier 2009 ; il s’agira là de la première fois dans l’histoire du Ghana qu’un parti d’opposition arrivé au pouvoir sera parvenu au terme des deux mandats de quatre ans autorisés par la Constitution.

Des sondages récents indiquent que les élections du 7 décembre seront les plus serrées depuis 1992 et qu’elles pourraient aboutir à un deuxième tour entre les deux principaux partis politiques : le Nouveau Parti patriotique (NPP), au pouvoir, et le NDC, parti d’opposition.

Stratégie de sécurité

Pour prévenir les violences, le gouvernement a formé un Groupe de travail national de sécurité électorale au début de l’année 2008, dirigé par Patrick Acheampong, inspecteur général de la police.

Le jour des élections, dans le cadre d’une stratégie publique, 36 000 agents de sécurité issus des rangs de la police, des directeurs de prison, des représentants des services d’immigration et des douanes, et des sapeurs-pompiers nationaux seront déployés dans l’ensemble du pays. Ceux-ci seront soutenus par 4 000 soldats de réserve, dans les 10 régions du pays.

Les 16 et 17 novembre, du personnel armé et des véhicules blindés ont envahi les rues d’Accra pour effectuer des manœuvres.

« Nous ferons le nécessaire pour préserver l’intégrité des élections », a indiqué à IRIN M. Timbila, de la police. « Nous maîtrisons la situation, d’importantes mesures de prévention ont été prises […] Nous ne voulons pas être pris au dépourvu ».

La police ne dispose néanmoins que de 832 véhicules, et les 36 000 membres du personnel de sécurité ne suffiront pas à couvrir les 22 000 bureaux de vote du pays, s’inquiète M. Aning du centre Kofi Annan. « Il n’y a que 22 129 officiers de police dans le pays, ce qui veut dire qu’il n’y aura qu’un policier par bureau de vote ».

Il restera donc 14 000 spécialistes de la sécurité pour couvrir le reste du pays, d’après M. Aning.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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