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Les directeurs de prison réclament une amélioration des conditions de détention

Les directeurs de prison en République du Congo ont demandé vendredi l'amélioration des conditions de détention à la suite d'un séminaire organisé à Brazzaville, la capitale, par l’Association pour les droits de l’Homme et l’univers carcéral (Adhuc). La rencontre avait été soutenue financièrement par la Fondation suédoise pour les droits de l’Homme (FSDH).

"Les conditions de vie dans nos prisons sont mauvaises, déplorables. Nous ne pouvons travailler normalement bien que nous ayons la volonté. Nous osons espérer que le gouvernement, interpellé à cette occasion, fera en sorte qu'il y ait un changement pour le bien de tous," a déclaré Fidèle Bouesso, le directeur de la prison d’Impfondo, dans le département de la Likouala au nord du pays.

Les participants ont, dans ce sens, adopté une déclaration dans laquelle ils ont lancé un appel pour la réhabilitation des établissements pénitentiaires existants, la construction d’une deuxième maison d’arrêt à Brazzaville ainsi que la construction d'établissements pénitentiaires et de centres de rééducation pour les mineurs à l’intérieur du pays.

Sur un plan normatif, les directeurs de prison ont requis l'adoption de textes portant création, organisation et attributions de l’administration pénitentiaire. Ils ont encore demandé des
formations pour le personnel de l’administration pénitentiaire, la dotation des prisons en véhicules, en moyens de communication et de sécurité. Les séminaristes ont enfin souhaité une augmentation du budget national pour la direction générale de l’administration pénitentiaire; une répartition des crédits alloués aux différents établissements en fonction de leurs besoins et de leur population carcérale.

Les participants ont également demandé la tenue régulière des audiences pénales et le suivi des détenus par les magistrats. La réactivation du travail d’intérêt général (TIG) comme peine alternative à l’emprisonnement, a aussi fait l'objet d'une recommandation alors que la pratique des ordres d'écrou provisoire prononcés par les magistrats devait, selon eux, être abolie.

Les conditions de détention se sont, en effet, dégradées en République du Congo, notamment dans les localités de Pointe-Noire, Dolisie, Owando, Djambala et à Brazzaville, ont estimé les séminaristes.

Les maisons d’arrêt de Dolisie et de Pointe-Noire ont été détruites au cours des guerres civiles. Les prisonniers ont été alors transférés dans les commissariats de police et les brigades de gendarmerie où les conditions de détentions sont exécrables, ont déploré les participants.

Les détenus et les gardés à vue partagent souvent les même locaux, cela en violation du code pénal et du code de procédure pénale, ont dénoncé les directeurs de prison.

Les détenus dorment à même le sol sur des morceaux de carton. La promiscuité et la saleté des cellules favorisent la transmission de certaines maladies, ont constaté les participants.

Les carences en matière nutritionnelle et sanitaire sont palliées par les parents des détenus.

Le Comité International de la Croix Rouge avait néanmoins fourni, en septembre dernier, des outils et des semences aux maisons d'arrêt de Djambala, dans le département des Pateaux, et d'Owando, dans le département de la Cuvette. Cette assistance a permis aux détenus de cultiver et de tirer profits des produits récoltés. Le CICR a, par ailleurs, signé un protocole d'entente avec les deux directeurs selon lequel les détenus doivent bénéficier de la totalité des récoltes obtenues. Dans chacune des maisons d'arrêt, le CICR avait donné des houes, des pelles et des semences. Il avait en plus fourni du savon, des seaux en plastique.
L'aide avait aussi concerné la prison d'Ouesso dans le département de la Sangha dans le nord du pays. La maison d'arrêt de Brazzaville, avait quant à elle bénéficié d'un don de produits de désinfection de l'eau.

En novembre 2000, treize personnes détenues dans le commissariat de police de Tié-Tié et deux à Pointe-Noire, sont décédées dans des cellules exiguës dépourvues de systèmes d’aération.
Le procès intenté, en juin 2001, contre les six agents de permanence du jour, accusés de "négligence dans l’exercice de leur fonction ayant entraîné la mort, d'homicide involontaire et de non assistance à personne en danger," n’avait pas reçu une suite favorable malgré l’intervention des ONG de défense des droits de l’Homme.

Loamba Moke, le président de l'Adhuc a exhorté les participants à considérer l’Homme au centre de leur travail quotidien. Il est inacceptable de traiter les détenus comme du bétail. La prison n'est pas un lieu déperdition. Ils peuvent toujours être utiles à la société après avoir purgé leurs peines, avait-il expliqué.

Le directeur du cabinet du ministre de la justice, Antoine Pesse, a pour sa part reconnu les problèmes du monde carcéral.

"Notre pays vient de loin et, avec beaucoup d’efforts nous tenons à humaniser la vie dans les maisons d'arrêts. Ces dernières sont considérées comme des lieux de torture, de mort et de dégradation. Ce cliché vieux de plusieurs siècles doit être banni à tout jamais," a-t-il indiqué. "Il se pose, il est vrai, une question sur l’habitat, le logement. Le ministère travaille déjà à réhabiliter les structures. Brazzaville et Pointe-Noire ont été choisies, du fait de leur taille, pour inaugurer cette mission. Notre législation mérite également des aménagements surtout sur le droit des prisonniers. Aujourd’hui, trois ou quatre maisons d’arrêt fonctionnent normalement. Cependant dans beaucoup de circonscriptions juridiques, les directeurs de prison brillent par leur absence. Il est difficile, aujourd’hui, de rencontrer un régisseur à son poste malgré la présence des magistrats," a encore expliqué Pesse.

Le séminaire a, par ailleurs, permis de mener une réflexion sur les conditions d’emprisonnement des mineurs et des femmes; d’identifier les défis liés aux actions pour la réinsertion et les mesures alternatives à l’incarcération; ainsi que de se familiariser aux principes du droit régional, national, régional et international relatif à la gestion des établissements pénitentiaires.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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